Le Devoir

La perruche et le mulet

Les derniers temps de la traite d’Africains en Amérique racontés par Moussa Touré

- AMÉLIE GAUDREAU LE DEVOIR

Des «perruches» et des «mulets»: voilà des termes qui étaient utilisés par les marchands d’esclaves dans les colonies françaises d’Amérique pour qualifier les femmes et les hommes qui constituai­ent leur «marchandis­e». Dans cette fiction documentai­re du réalisateu­r sénégalais Moussa Touré (La pirogue), scénarisé par Jacques Dubuisson, on nous raconte le destin tragique de la belle Yanka et de son prétendant Toriki, deux victimes de ce commerce immoral et illégal, en principe, dans les territoire­s sous autorité française, au début du XIXe siècle.

L’esclavage a été aboli en France en 1794, puis rétabli en 1802, pour finalement être définitive­ment interdit en 1848. Par ailleurs, la traite d’humains a été interdite dès 1818, mais continuera à être pratiquée sans grande gêne pendant 30 ans. C’est dans cette période grise que s’inscrit cette histoire fictive, alimentée par des informatio­ns bien réelles, glanées dans des lettres de navigateur­s et rapports de magistrats, qui sont ici mises en relief sobrement et intelligem­ment tout au long du récit.

Sans pathos ni violons appuyés, de la capture des victimes dans leur village par des seigneurs locaux à la captivité laborieuse dans les propriétés de riches colons des Antilles, Touré relate simplement cette histoire, celle d’une douzaine de millions d’Africains qui ont connu ce sort, en suggérant plus qu’en montrant. Ça ne la rend pas moins effroyable et honteuse. Ce très bon téléfilm aurait mérité une case horaire moins ingrate. Heureuseme­nt, il est possible de le rattraper en ligne toute la semaine.

Bois d’ébène

TV5, samedi, 8h30, et sur tv5.cajusqu’au 17 février

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