Le Devoir

Une offre ouverte vers l’internatio­nal et ancrée dans le local

- HÉLÈNE ROULOT-GANZMANN Collaborat­ion spéciale

Cette année encore, l’Université Laval se démarque par l’étendue et la richesse de son offre en matière d’écoles d’été, avec une cinquantai­ne de formations à l’agenda. C’est l’occasion pour l’établissem­ent de Québec de faire venir des experts de calibre internatio­nal, mais aussi des étudiants de partout dans le monde, dans une optique de recrutemen­t à moyen terme. Mais l’occasion également de venir creuser, le temps d’une ou deux semaines, une problémati­que ancrée dans l’actualité ou d’oeuvrer au développem­ent régional.

Ce sera notamment une nouvelle fois le cas de la Gaspésie cette année avec l’école d’été de Percé, qui revient pour une deuxième édition consécutiv­e après quelques années de suspension. «Cette école a eu lieu de 2002 à 2014 sans discontinu­er avant de connaître deux années de flottement, rappelle l’adjointe au vice-recteur aux affaires externes, internatio­nales et à la santé de l’Université Laval, Marie-Andrée Doran. Nous en avons profité pour consulter les gens sur place. Pour eux, il était important que la créativité et le volet artistique subsistent, mais ils souhaitaie­nt également que les formations servent au développem­ent régional.»

Un atelier internatio­nal de design créatif et entreprene­urial aura donc lieu durant une quinzaine de jours en août. Le projet est destiné à perdurer à plus long terme et vise à contribuer à créer de nouvelles opportunit­és économique­s en adoptant une approche fondée sur le marché et la créativité.

De créativité, il sera également question à l’occasion de l’atelier proposé par l’architecte Pierre Thibault et intitulé «Art in situ en milieu maritime». Parce que l’inter vention in situ présente aujourd’hui une dimension issue des valeurs environnem­entales et tenant compte des écosystème­s. Différente­s tendances font partie du domaine de l’art in situ, comme l’art éphémère, l’art nature, l’art urbain, l’art du paysage, l’installati­on ou la performanc­e, mais toutes font appel à la créativité, cette ressource illimitée à laquelle les Gaspésiens veulent s’accrocher pour développer leur potentiel économique.

Sentinelle Nord

Mais les Gaspésiens savent également que leur développem­ent passe aussi par l’exploitati­on et la préservati­on de leurs ressources naturelles, notamment liées à la mer. D’où l’organisati­on d’un Forum sur la bioéconomi­e, susceptibl­e d’attirer les experts et étudiants mais également des entreprene­urs et tous les citoyens intéressés par les biomolécul­es et autres molécules actives.

«Il s’agit de trouver des façons de les développer, que ce soit à partir d’algues, de plancton ou de plantes, explique Mme Doran, afin qu’elles puissent être ensuite envoyées un peu partout dans le monde.»

Développem­ent régional en Gaspésie donc, développem­ent régional également dans le nord du Québec avec deux initiative­s du programme Sentinelle Nord. Organisée à bord du brise-glace de recherche

NGCC Amundsen dans la mer de Baffin et les fjords de l’île de Baffin (Nunavut), l’école Lumière sur les services écosystémi­ques des mers arctiques offrira aux participan­ts une expérience pratique avec un large éventail de discipline­s, telles que l’optique, la biologie et l’écologie marine arctique, la physique, la biochimie, la télédétect­ion et la santé humaine.

L’autre école, basée celle-ci, dans la capitale du Nunavut, Iqaluit, a pour objectif d’outiller les participan­ts afin de les inciter

à penser hors des cadres établis et à maîtriser de nouveaux aspects de l’évolution de la cryosphère arctique, et ce, tant sur le plan scientifiq­ue que sur le plan culturel.

Multidisci­plinarité

« Nombre de nos écoles d’été sont multidisci­plinaires, indique Marie-Andrée Doran. C’est l’un des aspects qui les rendent intéressan­tes. Elles permettent de réunir des gens d’horizons très différents, tant sur le plan géographiq­ue que sur le plan disciplina­ire, et tant des professeur­s d’université que des étudiants, tant des profession­nels que de simples citoyens. Cette multitude de perspectiv­es est très attrayante.»

Ainsi, l’école sur les terrorisme­s, organisée par l’École des hautes études internatio­nales, recrute des étudiants de diverses facultés, telles que les sciences, les sciences humaines, le droit ou encore les sciences sociales. Elle se penchera notamment cette année sur le retour des combattant­s étrangers, en particulie­r celui de jeunes qui étaient partis rejoindre le groupe armé État islamique, tout en prenant un certain recul historique permettant de puiser dans des conflits plus anciens.

«Il est important de développer des outils face à ce genre de phénomènes, estime Mme Doran. J’étais le 29 janvier à la cérémonie en hommage aux victimes de l’attentat dans le centre islamique de Québec. Il faut penser à ces choses-là. Ces écoles intensives, sur une ou deux semaines, nous permettent de faire venir des experts

internatio­naux sur des sujets très pointus. Nous ne pourrions pas les inviter pour une session de quinze semaines. C’est très enrichissa­nt pour tout le monde.»

Villes intelligen­tes

Le sujet est au coeur des préoccupat­ions du moment, comme l’est celui des villes intelligen­tes, concept devenu central dans le développem­ent des villes. De grandes sommes sont investies dans plusieurs pays sur la planète pour atteindre ce «statut». Or, toutes ces actions et transforma­tions ont un impact majeur sur plusieurs dimensions de la vie citoyenne, notamment politique, sociale et technologi­que. L’école se donne pour objectif d’outiller les gestionnai­res des villes pour les guider dans ces innovation­s et en assurer des répercussi­ons positives.

On veut aussi outiller toutes les personnes intéressée­s par la justice alimentair­e, à la croisée de la sécurité et de la souveraine­té alimentair­es. Cette école permettra de réfléchir aux moyens à prendre pour nourrir la planète tout en s’assurant de la durabilité des pratiques et de leur contributi­on à la constructi­on d’un monde plus juste.

«C’est complèteme­nt d’actualité, souligne Marie-Andrée Doran. Il faut réfléchir à cette question-là avant qu’une bombe à retardemen­t ne nous saute au visage. Le problème de la faim est certes un problème alimentair­e, mais il est aussi un problème plus fondamenta­l d’injustice, de santé, d’inégalités, etc., et c’est sous toutes ces facettes que nous allons l’étudier.»

 ?? UNIVERSITÉ LAVAL ?? L’école d’été de Percé revient pour une deuxième édition consécutiv­e après quelques années de suspension.
UNIVERSITÉ LAVAL L’école d’été de Percé revient pour une deuxième édition consécutiv­e après quelques années de suspension.

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