L’université autrement
Les écoles d’été permettent aux établissements de diversifier leurs publics
Les écoles d’été sont l’occasion pour les universités de proposer des expériences pédagogiques différentes et de mêler différents publics. Si les étudiants réguliers demeurent l’auditoire numéro un, la société civile et les praticiens sont eux aussi invités à prendre part à ces ateliers et conférences, à écouter les experts maison, mais aussi ceux venus d’ailleurs, et à partager leur expertise pour enrichir les débats.
Le prochain sommet du G7 aura lieu à La Malbaie, dans Charlevoix, les 8 et 9 juin. Un événement sur lequel le Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM) ne pouvait pas faire l’impasse. Il organise à cette occasion une école d’été intitulée G7 en immersion dans Charlevoix. Six jours sur place durant lesquels les participants vivront et décortiqueront cette rencontre entre les dirigeants des sept pays les plus industrialisés de la planète afin de définir des politiques communes.
«L’objectif est de comprendre comment fonctionne un sommet du G7, explique le directeur du CERIUM, Frédéric Mérand. Nous aurons des visites guidées sur place, des universitaires inter viendront, mais aussi des membres des délégations des différents pays. Des acteurs locaux expliqueront ce que c’est que d’accueillir un tel événement dans sa région. Bref, cette école intéresse nos étudiants, mais également le grand public et toutes sortes de praticiens dans des domaines très divers.»
Le CERIUM organise cette année 18 écoles d’été sur des sujets aussi variés que les enjeux politiques de l’intelligence artificielle, l’immigration, l’intégration et la diversité sur le marché du travail, l’économie circulaire, les États-Unis de Trump ou encore le genre et la sécurité internationale. Quelque 400 participants sont attendus, dont un tiers en provenance de la société civile.
«C’est très intéressant, ce mélange des publics, affirme M. Mérand. Nous proposons très peu de conférences magistrales et le tout se déroule surtout sous forme d’échanges. Chacun arrive avec sa propre expérience d’un sujet. Ce partage est très enrichissant pour tout le monde.»
Expérience de terrain
Le directeur du CERIUM prend l’exemple notamment d’une école sur les pratiques et politiques en contexte interculturel, qui rassemble des experts, des étudiants et des praticiens dans divers domaines d’activités, comme le secteur hospitalier ou le monde municipal. De quoi ouvrir les perspectives de chacun, selon lui.
Même discours du côté de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), qui met elle aussi en avant l’importance de mélanger plusieurs publics à l’occasion des écoles d’été. Si certaines d’entre elles attirent principalement des étudiants réguliers, notamment les écoles de langues, qui permettent de partir à l’étranger approfondir une langue étrangère dans un contexte culturel au sein duquel cette langue s’épanouit mais qui exigent certains prérequis en matière de niveau, notamment, d’autres permettent la cohabitation de personnes venues d’univers très différents.
Nicolas Marchand, directeur au Bureau du vice-rectorat à la vie académique, donne comme exemple l’école d’été en sciences cognitives, qui se penche cette année sur la sensibilité et la cognition animales et qui réunira des chercheurs et des étudiants de plusieurs disciplines, allant de la psychologie à l’éthologie en passant par l’évolutionnisme, la neurobiologie ou encore l’éthique.
Il s’attarde également sur l’école d’été sur l’agriculture urbaine, qui en est à sa dixième édition cette année.
« Elle cible bien sûr les étudiants et les experts, chercheurs et universitaires d’ici et d’ailleurs, indique-t-il. Mais le sujet est assez vaste pour que des praticiens, des entrepreneurs ayant une vision de terrain et des citoyens présentant un intérêt pour cet enjeu souhaitent eux aussi participer. Les gens qui interviennent ont des expertises très différentes les unes des autres. C’est une chance mer veilleuse qui s’offre à tous. L’expérience pédagogique est novatrice. Nous sortons notamment des murs de l’université. Moins de cours théoriques, plus de pratiques sur le terrain.»
Gagner en visibilité
Le terrain. Voilà ce sur quoi insiste pour sa part l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), qui propose elle aussi une belle variété d’écoles durant l’été.
«Nous misons sur notre territoire, sur la proximité que nous avons avec la nature, et offrons plusieurs écoles dans le domaine des sciences de la nature, notamment», explique le doyen des études, Frédéric Deschenaux.
L’UQAR propose ainsi une école d’été en océanographie ou encore en géographie de l’est du Québec. Encore un chantierécole en archéologie permettant d’acquérir une expérience pratique en archéologie, sur le terrain comme en laboratoire et ayant la particularité d’être ouvert à tous les publics dans la limite des places disponibles.
Car contrairement à d’autres universités, l’UQAR ne cible pas particulièrement le grand public à l’occasion de ses écoles d’été. Ces cours intensifs, tous crédités, sont plutôt une occasion d’offrir à ses étudiants une expérience différente et de gagner en visibilité.
«Il y a un objectif clair de recrutement, admet M. Deschenaux. Nous accueillons des étudiants en provenance d’autres universités mais aussi des cégépiens. Il s’agit pour eux d’une occasion unique de se plonger dans un domaine d’études et de faire ainsi un bon choix d’orientation. »
Université rurale
L’Université de Rimouski propose cependant une école d’été en lettres et création littéraire qui se tient elle aussi à l’extérieur des murs, dans des décors naturels inspirants, et qui est, en partie du moins, ouverte au public. Son université rurale québécoise permet quant à elle la rencontre entre chercheurs et acteurs du milieu rural, qui sortent de leur quotidienneté pour mieux l’appréhender.
«Elle rassemble des universitaires, mais aussi des acteurs de terrain, des étudiants, des élus et des citoyens intéressés par leur milieu, indique Frédéric Deschenaux. Elle offre des conférences, des ateliers, mais surtout des visites de terrain, d’entreprises, etc., afin de travailler sur une problématique locale déterminée. »
À Montréal, comme à Rimouski, les universités font l’éloge de ces écoles d’été, qui ne rejoignent certes que quelques centaines de personnes par établissement, mais qui permettent des apprentissages plus souples et malléables. Toutes affirment avoir vu les candidatures et les inscriptions augmenter au cours des dix dernières années. Mais elles expliquent également être limitées dans leur offre par la disponibilité des professeurs, qui «portent leur école», mais ne veulent pas forcément la donner chaque été. Ainsi, certaines écoles reviennent régulièrement, mais d’autres apparaissent chaque année pour répondre aux préoccupations du moment.