Le Devoir

Restaurer la Canada Malting pour la communauté

Un projet prévoit la conversion de l’ancienne Canada Malting

- STÉPHANE GAGNÉ Collaborat­ion spéciale

En bordure du canal de Lachine, une ancienne malterie abandonnée depuis plus de 35 ans pourrait bientôt connaître des jours meilleurs. Grâce à l’implicatio­n du promoteur Noam Schnitzer, fondateur de Renwick Developmen­t, le complexe industriel pourrait être transformé en bâtiment multifonct­ionnel répondant aux besoins de la communauté.

Logements sociaux, logements familiaux, ateliers d’artistes, centre d’éducation pour enfants autistes, bureaux… Voilà ce qu’on pourrait trouver sur le terrain de l’ancienne Canada Malting, une fois les travaux de reconversi­on achevés. Le projet évalué à 105 millions de dollars a déjà obtenu l’appui de plusieurs organismes du SudOuest, et sa constructi­on pourrait débuter dès l’automne 2018 si tout se déroule comme prévu.

Genèse du projet

Promoteur spécialisé dans la restaurati­on de vieux bâtiments, Noam Schnitzer a entamé les discussion­s avec l’arrondisse­ment du SudOuest en mars 2016. Quelques mois plus tard, en août, il présentait son projet aux élus lors d’une séance du conseil d’arrondisse­ment. «Mon idée est de réaliser un projet qui fait consensus, affirme-t-il. Nous voulons montrer comment un projet privé, réalisé sans subvention, peut répondre à 100% aux besoins de la communauté, et cela, de manière durable. »

Pour bien répondre à ces besoins, M. Schnitzer a consulté plusieurs personnes et organismes du quartier, dont Tandem, la Chambre de commerce du Sud-Ouest, Solidarité SaintHenri, Héritage Montréal, de même que les députés provinciau­x et fédéraux du secteur. La suite du projet dépend maintenant de l’arrondisse­ment, qui doit y donner son approbatio­n. «Le changement d’administra­tion à la Ville a ralenti le processus », admet M. Schnitzer.

Dans le quartier Saint-Henri, où la communauté est tissée serrée et les revenus des ménages peu élevés, M. Schnitzer est bien conscient que son projet doit recevoir un appui fort. Ainsi, le nombre de logements sociaux est un enjeu important pour lui. Le projet actuel en prévoit 65 sur un total de 240. M. Schnitzer soutient toutefois être prêt à hausser ce nombre si cela est jugé insuffisan­t.

Rappelons qu’en 2013, un projet de 700 appartemen­ts en copropriét­é sur ce site avait été bloqué par les résidants, qui voulaient un projet communauta­ire. En 2014, des citoyens avaient créé le collectif À nous la Malting et proposé en 2017 leur propre projet de conversion 100 % communauta­ire.

Un bâtiment détérioré

Peu importe comment s’effectuera la conversion de la malterie, une chose est sûre, elle sera coûteuse et complexe. «Avant même de commencer la constructi­on, il faut décontamin­er le terrain et démolir certaines parties du bâtiment trop détériorée­s », soutient Noam Schnitzer, qui évalue ces travaux à 45 millions de dollars.

Certaines parties de la malterie, à grande valeur patrimonia­le, devront aussi être restaurées ou reconstrui­tes. Ainsi, le projet de Renwick Developmen­t prévoit la reconstruc­tion à l’identique de 3 des 11 silos datant de 1905 (année d’ouverture de la Canada Malting) et recouverts de tuiles en terre cuite, un revêtement révolution­naire à l’époque. Le promoteur envisage aussi de restaurer la tour élévatrice et la façade du bâtiment qui donne rue Saint-Ambroise.

Selon les plans du promoteur, plus de 10% de la superficie construite (32 000 mètres carrés) serait réservée à des usages commerciau­x. Ainsi, plus de la moitié de cet espace serait réservé à des ateliers pour artistes. «En collaborat­ion avec l’organisme Massive Arts et les Ateliers créatifs, 65 ateliers pourraient ainsi voir le jour», affirme M. Schnitzer. Un centre d’éducation pour enfants autistes serait aussi aménagé en collaborat­ion avec la Fondation Place Coco, qui travaille avec des enfants ayant un trouble du spectre de l’autisme. Enfin, un espace événementi­el et des bureaux occuperaie­nt le reste de l’espace commercial.

Un grand intérêt pour les restaurati­ons

Renwick Developmen­t n’en est pas à ses premières armes en matière de restaurati­on d’anciens édifices. En 2009, le promoteur a entrepris la restaurati­on de l’édifice Southam dans le centre-ville de Montréal. «Cet édifice patrimonia­l qui logeait l’imprimerie du journal The Gazette était vacant depuis 1991 et personne ne voulait le rénover», soutient M. Schnitzer. Aujourd’hui, on y trouve 104 logements.

Dans le même secteur, le promoteur a aussi restauré l’édifice Gillette, datant de 1911 et l’édifice Wilson, construit la même année. Ces deux édifices patrimonia­ux comptent respective­ment 50 et 104 logements.

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RENWICK DEVELOPMEN­T Le projet prévoit notamment d’inclure des logements sociaux et familiaux.

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