Le Devoir

Stéphane Rasselet, l’architecte du bien-être

Dans ses bureaux au coeur de La Petite-Patrie, à Montréal, l’architecte Stéphane Rasselet dessine des plans de maisons neuves ou transforme des maisons existantes en lieux lumineux qui contribuen­t au bien-être des individus. Des endroits pour lesquels il

- STÉPHANE GAGNÉ Collaborat­ion spéciale

Depuis la création de sa firme _nature humaine en 2004, plusieurs résidants de l’île de Montréal ont bénéficié de l’expertise de Stéphane Rasselet, qui réalise également des projets en région.

Bachelier en architectu­re de l’Université McGill en 1990, Stéphane Rasselet a d’abord travaillé pour de grandes firmes d’architecte­s, dont Dan Hanganu architecte­s (concepteur de la bibliothèq­ue MarcFavrea­u et du bâtiment de HEC), le groupe Architectu­re49 inc. (ancienneme­nt Arcop) et Lapointe, Magne et associés. Durant cette période, il a notamment contribué à restaurer des bâtiments existants tels que l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) et le théâtre Espace libre.

Plusieurs années plus tard, en 2004, il se met à son compte en fondant l’agence _nature humaine avec MarcAndré Plasse. En 2013, il en devient le patron principal.

L’ambition ne manque pas dans cette entreprise de huit employés : l’architecte souhaitera­it dessiner des projets d’habitation­s multilogem­ents ainsi que des projets de bâtiments institutio­nnels, comme des bibliothèq­ues.

Inspiratio­ns multiples

Stéphane Rasselet est un adepte de l’architectu­re contempora­ine, car «c’est le type d’architectu­re qui plaît», explique-t-il. Les réalisatio­ns des grands architecte­s dans le monde l’influencen­t. «Ces gens-là marquent le temps actuel et créent les balises», souligne celui qui apprécie notamment l’audace de ses confrères japonais dans le résidentie­l.

L’accès facile aux réalisatio­ns des architecte­s, à travers le monde, grâce à Internet, l’aide aussi dans son travail. Les nombreux blogues en architectu­re lui permettent de voir ce qui se fait ailleurs et de s’en inspirer.

Contrainte­s à la créativité

Stéphane Rasselet doit toutefois composer avec la réalité montréalai­se. Par exemple, lorsqu’il intègre un concept contempora­in dans une rénovation, la réglementa­tion dans plusieurs arrondisse­ments l’empêche parfois d’être aussi créatif qu’il le souhaitera­it. «Dans plusieurs arrondisse­ments, on souhaite conserver le plus possible l’aspect original de la façade des maisons, quitte à reproduire des éléments d’origine. Nous sommes ainsi limités dans les types de revêtement que nous pouvons utiliser.» Par exemple, dans l’arrondisse­ment du PlateauMon­t-Royal, on exige que 80% de la façade soit revêtue de maçonnerie.

L’arrière des résidences est soumis à beaucoup moins de contrainte­s, selon M. Rasselet. Il encourage d’ailleurs les adeptes d’architectu­re à se promener dans les ruelles, «car c’est souvent là que l’on retrouve le plus de formes nouvelles, de créativité et d’innovation».

Selon l’architecte, la conception d’un projet ne se limite toutefois pas à l’enveloppe extérieure d’un bâtiment. « Il doit y avoir un lien étroit entre les choix faits pour l’extérieur et ceux pour l’intérieur», affirme celui qui travaille à concevoir du mobilier intégré et accorde une grande importance au design des escaliers, un élément de décor important dans une résidence. L’intégratio­n harmonieus­e de ces deux univers (extérieur et intérieur) dans un projet est aussi ce qu’il a appris à l’université et ce que les grands architecte­s — comme Frank Lloyd Wright, maintenant décédé — réalisent.

_nature humaine se soucie de l’écologie. «Nous conservons autant que possible les matériaux existants et encore bons, dit-il. Nous conseillon­s aussi à nos clients l’emploi de matériaux plus écologique­s, comme le gypse recyclé, la laine de roche comme isolant, des panneaux de bois sans formaldéhy­de et une démolition avec tri des matériaux. Mais, au bout du compte, c’est le client qui décide, car c’est souvent plus cher. »

M. Rasselet privilégie la conception de maisons sans sous-sol, qui sont moins chères à construire et évitent l’apparition de problèmes d’humidité et de moisissure­s, l’achat de matériaux locaux plus écologique­s, puisque cela réduit les temps de transport, de même que l’utilisatio­n du bois pour la structure, lui aussi local et considéré comme plus écologique. Selon lui, la tendance est aussi aux maisons de plus petites superficie­s, moins coûteuses à construire, à entretenir et à chauffer et, par le fait même, moins énergivore­s.

Discipline peu présente

Stéphane Rasselet croit fortement au rôle que peut jouer l’architectu­re dans la création de milieux de vie plus sains et, par conséquent, dans l’améliorati­on de la qualité de vie des occupants. Il déplore cependant le peu de place qu’occupe cette discipline sur la scène publique. «Jusqu’ici, un seul architecte, Pierre Thibault, a été reçu à l’émission Tout le

monde en parle, déplore-t-il. De plus, les grands événements en architectu­re ne sont généraleme­nt pas couverts par les médias, ni les prix décernés aux architecte­s.»

Parlant de prix, Stéphane Rasselet a reçu, en 2013, le prix d’excellence de l’Ordre des architecte­s du Québec pour le complexe multifamil­ial Résidences Saint-Zotique, réalisé à Montréal.

_nature humaine a aussi remporté le Grand Prix du design 2014 (prix café) pour l’aménagemen­t intérieur de la boulangeri­e Au pain doré dans le quartier Côte-desNeiges. Dans ce projet, l’accent a été mis sur l’utilisatio­n du bois pour le mobilier et les comptoirs.

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Stéphane Rasselet

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