Le Devoir

Peu de services pour les élèves doués

Leur réalité est mal documentée au Québec

- MARILYSE HAMELIN Collaborat­ion spéciale

Il n’existe pas de dénombreme­nt officiel des enfants doués au Québec, encore moins de dépistage systématiq­ue. Selon le professeur à la retraite Françoys Gagné, inventeur du terme et spécialist­e ayant étudié la question pendant près de 40 ans, le seuil minimal pour parler de «douance» est un QI de 120. Il indique que deux ou trois élèves par classe seraient touchés.

Parmi les enfants ayant un très haut quotient intellectu­el, plusieurs sont indiscipli­nés à l’école et parfois considérés à tort comme souffrant d’un trouble du déficit de l’attention (TDAH) avant d’obtenir le bon diagnostic.

La notion de douance est en effet demeurée nébuleuse pendant longtemps au Québec. Or elle est désormais mentionnée dans la nouvelle politique éducative du gouverneme­nt, publiée l’automne dernier. Dans le document, le ministère se targue de prendre en considérat­ion «la réalité des élèves doués, qui peuvent éprouver des difficulté­s à maintenir leur intérêt et leur motivation à apprendre et à réussir à la hauteur de leur potentiel».

Il demeure que les élèves «surdoués», comme on les appelle parfois, bénéficien­t à ce jour de peu de services dans les écoles primaires. La Fédération des commission­s scolaires du Québec ne tient aucune donnée sur le phénomène. Pour connaître les initiative­s des écoles, elle invite les journalist­es à contacter directemen­t chacune des 72 commission­s scolaires du Québec…

À la Commission scolaire de Montréal, l’école primaire Fernand-Seguin cible les enfants «à haut potentiel». L’établissem­ent propose un programme d’enseigneme­nt parascolai­re enrichi axé sur les sciences.

« Dès qu’on parle de douance, on ne pense pas à la littératur­e, remarque Françoys Gagné, désormais conférenci­er et consultant globe-trotteur. On pense aux sciences, à l’astronomie, à la biochimie, des choses de ce genre-là.» Cela constitue à son avis un stéréotype.

Toujours à Montréal, la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) a pour sa part développé une politique pour inciter les enseignant­s à repérer les élèves talentueux dans certains domaines, que ce soit les sciences, les sports ou les arts.

À la Fédération des établissem­ents d’enseigneme­nt privés, on indique travailler à un guide à l’intention des écoles. De plus, certaines initiative­s ont été mises en avant dans les écoles primaires privées, comme à l’école Marie-Anne à Rawdon. L’école a mis sur pied le programme Apprentiss­age 360, qui «permet une personnali­sation de l’enseigneme­nt au primaire, tout en suivant le Programme de formation de l’école québécoise», indique Geneviève Beauvais, responsabl­e des communicat­ions à la fédération.

Elle ajoute que les écoles privées ne visent pas nécessaire­ment à créer des programmes spécifique­s, mais plutôt à personnali­ser l’enseigneme­nt pour permettre à chacun de progresser à son propre rythme et de poursuivre des intérêts personnels. «La différenci­ation pédagogiqu­e se fait au sein de la classe, et non en séparant les élèves doués des autres », conclut-elle.

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ISTOCK La notion de douance est demeurée nébuleuse pendant longtemps.

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