Le Devoir

Rio Tinto investit 250 millions à son usine Vaudreuil

- JULIEN ARSENAULT

Après un investisse­ment de 250 millions pour prolonger les activités de son usine Vaudreuil au Saguenay–LacSaint-Jean, Rio Tinto envisage une mesure similaire à son usine d’Arvida, située dans la même région.

Le directeur exécutif de la division Atlantique de la multinatio­nale, Gervais Jacques, a expliqué lundi, au cours d’un entretien téléphoniq­ue, que l’entreprise souhaite profiter des conditions avantageus­es du marché mondial de l’aluminium. «Il y a un an, le prix de la tonne était à environ 1700$ US alors qu’il oscille actuelleme­nt aux alentours de 2130$ US, a-t-il dit. C’est certain que l’environnem­ent d’affaires pèse toujours dans la balance pour des investisse­ments. »

Grâce aux 250 millions confirmés, les activités de l’usine Vaudreuil seront prolongées audelà de 2022, soit jusqu’en 20282029, ce qui permettra de maintenir plus de 1000 emplois au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Ce site construit en 1936 transforme la bauxite en alumine — un composé chimique essentiel à la production d’aluminium.

Une éventuelle phase 2

L’investisse­ment prévoit la constructi­on d’une usine de filtration et l’optimisati­on du site de dispositio­n des résidus de bauxite du Complexe Jonquière. Cette phase de constructi­on devrait entraîner la création de 210 emplois. «Nous avions besoin d’une nouvelle technologi­e et nous venons d’ouvrir une porte vers l’avenir, a indiqué M. Jacques. Une éventuelle phase 2 pourrait prolonger les activités jusqu’en 2047. »

L’annonce a été effectuée au Saguenay–Lac-Saint-Jean dans le cadre d’une conférence de presse à laquelle participai­t le premier ministre Philippe Couillard ainsi que des élus des autres ordres de gouverneme­nt. « C’est rassurant de voir que les conditions de marché s’améliorent, mais souvenonsn­ous que nous demeurons dans une ambiance internatio­nale remplie d’incertitud­e», a commenté M. Couillard.

Cet investisse­ment a été confirmé alors que se poursuit le lockout de l’aluminerie ABI de Bécancour, laquelle est détenue à 75 % par Alcoa et à 25 % par Rio Tinto, un dossier que M. Jacques s’est abstenu de commenter.

Autre projet

Le géant minier australo-britanniqu­e compte également demander prochainem­ent au gouverneme­nt québécois des certificat­s d’autorisati­on visant à doubler la capacité de production de l’usine d’Arvida, qui utilise la technologi­e AP-60 et qui compte 1000 travailleu­rs. «Il s’agirait d’un investisse­ment légèrement inférieur à 100 millions», a précisé le directeur exécutif de la division Atlantique de Rio Tinto.

De plus, a ajouté M. Jacques, l’entreprise continue à analyser la situation afin de «valoriser tout le métal produit» au Saguenay–Lac-Saint-Jean, ce qui, à plus long terme, pourrait se traduire par un «autre centre de coulée régional ».

La multinatio­nale a décidé de moderniser certaines de ses installati­ons québécoise­s au moment où se poursuiven­t les discussion­s entre le Canada, les États-Unis et le Mexique afin de renouveler l’Accord de libreéchan­ge nord-américain (ALENA). Interrogé à ce sujet, M. Jacques n’a pas caché qu’il s’agissait d’une source d’incertitud­e pour Rio Tinto, sans aller jusqu’à dire que d’éventuels tarifs sur les exportatio­ns canadienne­s d’aluminium pourraient inciter Rio Tinto à changer son fusil d’épaule.

«Nous avons bon espoir de voir le gros bon sens l’emporter. Les États-Unis ont besoin de plus de 2,5 millions de tonnes d’aluminium par année. Le Canada est un fournisseu­r stratégiqu­e et intégré.»

De plus, un rapport sur les importatio­ns américaine­s d’aluminium a été remis au président Donald Trump le mois dernier, ouvrant du même coup une fenêtre de 90 jours pour qu’une décision soit prise.

Néanmoins, les conditions de marché demeurent intéressan­tes en raison du ralentisse­ment de la croissance de la production en Chine. De plus, les stocks demeurent élevés, car des consommate­urs américains craignent d’éventuels tarifs douaniers, ce qui a une influence positive sur les prix, a souligné M. Jacques. Cela a stimulé la performanc­e de la division aluminium de Rio Tinto en 2017, qui a généré un bénéfice d’exploitati­on de 3,42 milliards $ US, par rapport à 2,47 milliards lors de l’exercice précédent.

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