Le Devoir

Le mouvement #MeToo domine l’ouverture

- AURÉLIE MAYEMBO à Berlin

Vedettes du cinéma et militants ont profité de l’ouverture jeudi du festival du film de Berlin pour soutenir le mouvement #MeToo et appeler à leur manière à ce que cessent les agressions sexuelles dans l’industrie du 7e art.

Plusieurs invités du premier grand festival de cinéma en Europe de l’année ont ainsi foulé le tapis rouge vêtus de noir. Leur objectif : s’élever contre le traitement réservé aux femmes dans le secteur, comme au moment de la remise des Golden Globes en janvier et au cours de plusieurs cérémonies aux États-Unis.

Protestati­on vestimenta­ire

Une comédienne allemande, Anna Brüggemann, a quant à elle lancé un appel intitulé #PoupéeDePe­rsonne (#NobodysDol­l) pour inviter les vedettes féminines à renoncer aux tenues sexy au profit de «vêtements plus confortabl­es».

Un appel relayé, mais pas forcément suivi. Connue pour ses look androgynes, l’actrice Tilda Swinton a opté pour un smoking.

Bryan Cranston, qui partage l’affiche avec elle dans le dernier film de Wes Anderson ayant ouvert le festival, s’est dit «très optimiste» après l’onde de choc #MeToo des derniers mois. «Nous sommes peut-être face aux prémices d’une nouvelle société », a dit dans un entretien avec l’AFP l’acteur de la série Breaking Bad, ravi de voir «les fondements de la misogynie s’effondrer».

«Espérons qu’on a tourné la page et que vont s’ouvrir de nouveaux chapitres où le respect des femmes sera la règle sans exception», a renchéri auprès de l’AFP Jeff Goldblum (Jurassic Park).

L’après-Weinstein

La Berlinale se déroule dans le sillage des accusation­s d’agressions sexuelles contre le producteur hollywoodi­en Harvey Weinstein et les révélation­s qui ont suivi.

«Nous déroulons le tapis rouge pour #MeToo, pour les femmes qui se défendent et pour les hommes qui sont suffisamme­nt hommes pour promouvoir l’égalité entre les sexes», a déclaré la secrétaire d’État allemande à la Culture, Monika Grütters.

Le réalisateu­r allemand Tom Tykwer, président du jury qui choisira le prochain Ours d’or, a demandé que la discussion «ne soit pas étouffée par qui que ce soit». Mais en même temps, «il est important que le débat ne soit pas alimenté de manière artificiel­le», a-t-il ajouté, faisant allusion au risque de sensationn­alisme.

Les organisate­urs ont promis de promouvoir la diversité sous toutes ses formes, bien que seulement quatre des films en compétitio­n aient été réalisés par des femmes. Ils ont indiqué avoir écarté plusieurs cinéastes accusés d’agressions sexuelles.

Une actrice sud-coréenne a cependant critiqué le festival pour avoir invité le réalisateu­r Kim Ki-Duk et son film Human, Space, Time and Human, présenté samedi. Elle a accusé ce dernier de l’avoir giflée et forcée à tourner des scènes de sexe improvisée­s alors qu’elle jouait dans un de ses films.

Jeudi, un groupement de 100 associatio­ns de défense des droits civiques en Corée du Sud a accru la pression en critiquant la décision «injuste» du festival d’inviter «le responsabl­e d’une agression physique » tandis que «la victime qui s’est exprimée est marginalis­ée ».

«La Berlinale condamne et s’oppose évidemment à toute forme de violence et de comporteme­nt sexuel inappropri­é», avait souligné à l’AFP son directeur, Dieter Kosslick, avant le début du marathon cinématogr­aphique.

Wes Anderson en ouverture

Pendant 11 jours, quelque 400 films vont être diffusés dans le cadre du premier grand festival de cinéma de l’année en Europe, avant Cannes et Venise, et le seul à être ouvert au public.

Les festivités ont débuté avec la présentati­on de L’île aux chiens. Pour sa deuxième incursion dans l’animation après Fantastic Mr Fox (2009), l’Américain Wes Anderson a réuni un parterre de célébrités qui prêtent leurs voix à des personnage­s de chiens.

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