Le Devoir

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, refuse de faire des promesses sur les trois prochains budgets.

La mairesse refuse de s’engager sur les trois prochains budgets

- JEANNE CORRIVEAU

Plutôt échaudée par la polémique entourant les hausses de taxes, Valérie Plante ne souhaite pas prendre d’engagement ferme concernant les prochains budgets. Faisant le bilan de ses 100 premiers jours au pouvoir, la mairesse de Montréal a cependant assuré que son administra­tion visait une hausse de taxes limitée à l’inflation pour le budget de 2019.

«Je vais me garder une petite gêne. Je vais être prudente, mais ce n’est pas notre intention [de hausser les taxes au-delà de l’inflation] », a dit Valérie Plante lors d’une entrevue au Devoir. «De la même façon que ce n’était pas notre intention d’augmenter la taxe de l’eau. On ne monte pas les taxes parce que ça nous tente. Ce ne sont pas des taxes pour faire un party ou pour illuminer un pont, ce sont des taxes pour investir dans les infrastruc­tures de l’eau. »

L’imposition de hausses moyennes de 3,3%, alors que Projet Montréal avait promis de plafonner les augmentati­ons de taxes à l’inflation, Valérie Plante la décrit comme un «apprentiss­age». «On a vraiment mal évalué la question des taxes, comment on les a présentées. Ç’a été une leçon à la dure, dit-elle. J’aurais dû être plus prudente en précisant que je parlais des taxes foncières. »

Mais selon la mairesse, le lien de confiance avec les Montréalai­s n’a pas été brisé, même si un sondage Ipsos-La Presse publié au début du mois révélait que sur 500 répondants, 59 % se disaient insatisfai­ts de la performanc­e de son administra­tion. Soulignant l’échantillo­n limité à 500 répondants, Valérie Plante soutient que sur le terrain, l’appui des citoyens demeure: «Ce qui me frappe, c’est le contraste entre ce que je lis [dans les médias], ce sondage et ce que je vis sur le terrain. L’écart est grand. Je reçois un bon accueil. Ça ne veut pas dire que les gens ne me disent pas ce qu’ils pensent, et c’est sûr qu’il y en a qui sont déçus. »

La voie Camillien-Houde

Les taxes ne sont pas le seul sujet de controvers­e. L’annonce de la fin de la circulatio­n de transit sur le mont Royal n’a pas fini d’alimenter la polémique. Mais Valérie Plante garde le cap : il y aura un projet-pilote au printemps afin d’empêcher les automobili­stes de faire de la montagne un raccourci.

La controvers­e ne l’étonne pas, et elle s’y attendait. «On parle d’un sujet très délicat, soit la place de la voiture et l’utilisatio­n qu’on en fait. C’est normal que ça touche les gens», explique-t-elle. «Mais je tiens à rappeler à tout le monde qu’il n’est pas

question de limiter l’accès à la montagne. Au contraire. »

Pour elle, le statu quo au sujet de la voie Camillien-Houde n’est pas une option. «On va voir ce que ça donne. On veut que le plus beau parc de Montréal, le mont Royal, soit un endroit accessible pour tous les genres de véhicules et qu’il soit plus agréable d’y aller. Ça va demander à certaines personnes de revoir leur chemin et leurs habitudes, mais c’est une belle nouvelle. »

Quant au plan directeur du parc La Fontaine, il devrait être déposé au cours des prochains mois. Le responsabl­e des parcs au comité exécutif, Luc Ferrandez, a déjà évoqué l’idée, à plus long terme, de fermer à la circulatio­n les rues qui le traversent, soit Émile-Duployé et Calixa-Lavallée. Valérie Plante demeure prudente: «On va y aller petit à petit. Camillien-Houde est un gros morceau. Les gens ont des appréhensi­ons et on va y répondre. »

« Amateurism­e »

Le meilleur coup de l’administra­tion Plante au cours des 100 derniers jours? Avoir convaincu Québec de l’épauler dans le projet d’acheter 300

autobus pour la Société de transport de Montréal, répond d’emblée la mairesse: «D’autant plus qu’en campagne électorale, mon adversaire disait que je n’avais pas de contacts, pas d’amis et que ça ne marcherait jamais. Mes relations avec Québec et Ottawa vont très bien. »

Au cours des prochains mois, Valérie Plante mettra le cap sur les dossiers d’habitation et de développem­ent économique, en plus de poursuivre sur la voie des transports. «Le meilleur est à venir. »

Si elle a rappelé à l’ordre Luc Ferrandez, qui avait qualifié d’«amateurism­e» la promesse de Projet Montréal sur les taxes pendant la campagne, Valérie Plante n’entend pas imposer le silence aux membresdes­onéquipe.«Jene suis pas un chef du type dictateur, mais en même temps, c’est moi qui ai les mains sur le gouvernail, ditelle. Je ne vais pas empêcher les gens de parler.» Du même souffle, elle souhaite que les fonctionna­ires, qui «ont l’expertise et connaissen­t la machine », fassent des propositio­ns à l’administra­tion.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le parcours de Valérie Plante au cours des 100 premiers jours de son mandat à la mairie de Montréal n’a pas été sans fautes.

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