Le Devoir

La récupérati­on fiscale chez Revenu Québec recule

Le ministère chiffre à 2,8 milliards les sommes sur lesquelles il a pu mettre la main en 2016-2017

- FRANÇOIS DESJARDINS

Les sommes qui entrent chez Revenu Québec dans le cadre de ses activités de «récupérati­on fiscale» ont diminué pour une troisième année de suite, montre son rapport annuel de gestion 20162017 déposé cette semaine à l’Assemblée nationale.

Ces montants, composés en majeure partie de l’argent découlant des vérificati­ons, ont atteint l’an dernier 2,77 milliards. Ils reculent d’année en année depuis le sommet de 3,9 milliards enregistré en 2013-2014.

Selon le rapport de Revenu Québec, la diminution s’explique notamment par une meilleure conformité dans des secteurs «à risque», comme la restaurati­on. Aussi, la baisse d’effectifs voués au contrôle fiscal, «amorcée en 2015-2016», s’est poursuivie l’an dernier, indique le rapport de l’agence.

Taux de satisfacti­on

Selon le plus récent sondage annuel de Revenu Québec, le taux de satisfacti­on des contribuab­les par rapport à l’approche en matière de contrôle fiscal se situe à 68,3% chez les particulie­rs et à 81,9% chez les entreprise­s. Dans les deux cas, la cible pour 2019-2020 est de 80%.

De manière générale, le taux de satisfacti­on des particulie­rs à l’égard du service du personnel de Revenu Québec est de 88,4%, comparativ­ement à 81,2% pour les entreprise­s. La cible est de 90%, selon le rapport.

Les méthodes de travail de Revenu Québec ont fait l’objet d’un rapport accablant de la protectric­e du citoyen en 2015. Par exemple, dans certains dossiers d’entreprise­s, a écrit Raymonde Saint-Germain, l’agence avait alors «recours à des méthodes de vérificati­on inadéquate­s, voire abusives», et Revenu Québec refusait parfois de «considérer des éléments venant étayer les explicatio­ns que fournissen­t les entreprise­s».

Depuis, le gouverneme­nt Couillard a adopté en 2016 une «charte des contribuab­les», laquelle a fait l’objet d’une campagne de sensibilis­ation à l’interne chez Revenu Québec. Le personnel du contrôle fiscal a également suivi des formations en matière de communicat­ion.

Cela, mentionne le rapport annuel déposé mardi par le ministre des Finances, Carlos Leitão, aura «probableme­nt un effet bénéfique sur la satisfacti­on de la clientèle à l’égard de l’approche en contrôle fiscal ».

Divulgatio­ns volontaire­s

Par ailleurs, Revenu Québec a souligné que les contribuab­les sont de plus en plus nombreux à souscrire au programme de divulgatio­n volontaire de Revenu Québec, si bien que les sommes générées par cet isoloir fiscal ont quadruplé en quelques années seulement.

De 43,3 millions en 20122013, l’argent récolté est passé à 92,1 millions en 2015-2016 et à 206,6 millions l’an dernier. Le programme de divulgatio­n volontaire permet d’éviter des pénalités et des poursuites pénales.

L’impôt des particulie­rs représente près de 30 milliards par année en recettes fiscales à Québec, contre 7 milliards du côté des entreprise­s, et un peu plus de 19 milliards en taxes à la consommati­on.

Les mesures de resserreme­nt de l’OCDE au cours des dernières années semblent avoir eu l’effet d’un électrocho­c, dans un contexte marqué par des enquêtes à répétition sur les combines utilisées dans certains paradis fiscaux.

«L’annonce par l’OCDE de la mesure Érosion de la base d’imposition et transfert de bénéfices a généré une augmentati­on importante du nombre de nouveaux dossiers relatifs à la divulgatio­n volontaire de 2013-2014 à 2015-2016 », a indiqué Revenu Québec.

«Cette augmentati­on a nécessité l’ajout de nouvelles ressources affectées au programme, ce qui a engendré une hausse des résultats et du nombre de dossiers traités en 2016-2017», ajoute le rapport.

Au moment de confirmer le maintien du programme, le gouverneme­nt Couillard a affirmé à l’automne dernier que «les fuites liées aux dossiers HSBC, aux Panama Papers et tout récemment aux Paradise Papers illustrent bien que de nombreux contribuab­les détiennent des sommes parfois illicites ailleurs dans le monde».

Cette diminution s’explique notamment par une meilleure conformité dans des secteurs «à risque», comme la restaurati­on

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Les contribuab­les sont de plus en plus nombreux à souscrire au programme de divulgatio­n volontaire de Revenu Québec.

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