Le Devoir

Le Canada pourrait pâtir des mesures envisagées aux États-Unis

- JULIEN ARSENAULT

Une majorité des scénarios envisagés par les ÉtatsUnis pour réglemente­r le commerce de l’aluminium et de l’acier risquent de désavantag­er le Canada, qui pourrait être frappé d’une nouvelle taxe frontalièr­e.

Après le bois d’oeuvre, différents types de papiers et la CSeries de Bombardier, la prochaine dispute commercial­e canado-américaine pourrait donc tourner autour de ces métaux, d’après les scénarios suggérés vendredi.

Dans les conclusion­s de son rapport remis le mois dernier au président Donald Trump, le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, suggère un bouquet d’options, dont certaines comprennen­t une taxe à la frontière. Ainsi, tous les pays, dont le Canada, pourraient voir leurs exportatio­ns d’aluminium être frappées d’une taxe de 7,7% à la frontière, a expliqué M. Ross au cours d’une conférence téléphoniq­ue, vendredi. «L’industrie américaine de l’aluminium tourne à environ 48% de sa capacité, a-t-il dit. L’objectif est d’atteindre 80% afin d’assurer la pérennité à long terme. »

Ces mesures découlent des enquêtes réalisées depuis l’an dernier sur l’acier et l’aluminium afin de déterminer si les exportatio­ns étrangères constituai­ent une menace pour la sécurité nationale des États-Unis en raison de l’érosion de la production industriel­le locale.

Le gouverneme­nt Trump pourrait également décider d’opter pour un tarif de 23,6% s’appliquant à la Chine, à Hong Kong, à la Russie, au Venezuela et au Vietnam. Le Canada serait exempté de barrières tarifaires, mais ses exportatio­ns seraient plafonnées à leur niveau de 2017. « Il n’y a pas eu d’importante­s progressio­ns au niveau des importatio­ns, alors je ne crois pas que ce quota serait un problème», a affirmé M. Ross, afin de minimiser cette mesure.

Le troisième scénario de son rapport ne prévoit pas de taxe douanière, mais un quota mondial plus restrictif, limitant à 63% du niveau de 2017 la quantité d’aluminium que les pays pourraient exporter.

Aucune mesure ne s’applique pour le moment, mais le président américain, Donald Trump, aura jusqu’au 19 avril pour déterminer s’il ira de l’avant ou non avec des mesures protection­nistes. Il pourrait également y apporter des modificati­ons, comme exclure le Canada des sanctions.

Au Québec actuelleme­nt, près de 2,7 millions de tonnes métriques sont produites annuelleme­nt par Rio Tinto Alcan (RTA), Alcoa et Aluminerie Alouette, qui exploitent neuf aluminerie­s à travers la province. Selon l’Institut de la statistiqu­e du Québec, la province a exporté en 2016 pour 4,8 milliards $CAN d’aluminium sous forme brute aux États-Unis.

Par courriel, le président de Rio Tinto Aluminium, Alfredo Barrios, a indiqué que la multinatio­nale allait prendre connaissan­ce du volumineux rapport de M. Ross ainsi que de ses suggestion­s. «L’aluminium canadien a toujours été une source fiable d’approvisio­nnement pour les manufactur­iers américains, notamment dans le secteur de la défense», a-t-il dit.

En ce qui a trait à l’acier, Washington pourrait décider d’imposer un tarif d’au moins 24% à tous les pays. Une taxe d’au moins 53% pourrait être décrétée pour 12 pays, et un quota pourrait s’appliquer au reste de l’industrie.

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ISTOCK Une taxe à la frontière est envisagée dans le commerce de l’aluminium et de l’acier.

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