Le Devoir

Des retraits REER plus nombreux

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Ils sont toujours plus nombreux à procéder à des retraits hâtifs de leur REER. Les sommes en jeu sont toujours plus élevées, et c’est de moins en moins pour « RAPer ». Le sondage 2018 de BMO sur les régimes enregistré­s d’épargne-retraite évoque une tendance lourde. Ainsi, 40% des Canadiens (37% des Québécois) ont fait un retrait de leur REER avant l’échéance limite de 71 ans, pour une somme de près de 21 000 $ en moyenne. Ce pourcentag­e était de 38% dans le sondage 2017, pour un retrait moyen d’un peu plus de 17 200$, et de 34% dans l’édition 2016, pour un peu plus de 15 900 $.

Et l’achat d’une propriété n’est plus le motif principal. C’était le cas pour 30% des répondants de l’édition précédente, de 27% cette année (mais de 35% au Québec). Ainsi, le règlement des dépenses courantes (23%) et les urgences (21%) retiennent l’attention, suivis du remboursem­ent de dettes (20%). Ce sondage compte sur un échantillo­n de 1 500 Canadiens adultes, entraînant une marge d’erreur de plus ou moins 2,5 %, 19 fois sur 20.

Ces retraits REER sont pleinement imposables, sauf s’ils s’insèrent dans une stratégie RAP ou REEP. Et la ponction fiscale est d’autant plus douloureus­e que le quart des répondants s’attendaien­t à ne pas pouvoir rembourser dans l’édition de 2016, 19% dans l’édition suivante. Ce pourcentag­e n’est pas donné cette année.

CELI, RAP, REEP

Il est reconnu que pour les imprévus, un compte d’épargne libre d’impôt peut mieux jouer le rôle de fonds de prévoyance. Rappelons que dans le cas du CELI, toute cotisation permise mais non utilisée peut être reportée aux années suivantes. Contrairem­ent au REER, les cotisation­s au CELI ne sont pas déductible­s du revenu imposable, mais à l’instar du REER, le revenu généré par cette épargne s’accumule à l’abri de l’impôt.

Mais si l’on veut mettre le REER à contributi­on avec le régime d’accession à la propriété (RAP), il est possible de retirer jusqu’à 25 000 $ d’un REER, ou jusqu’à 50 000 $ pour un couple. Pour éviter l’imposition, ces sommes retirées doivent être remboursée­s au REER sur une base annuelle dans les 15 années qui suivent. Il est ici question d’acheteurs d’une première habitation, qui deviendra la résidence principale au plus tard dans l’année qui suit l’acquisitio­n. Pour être admissible, l’acheteur ne doit pas avoir possédé ou habité, au cours des cinq dernières années civiles, dont l’année courante, une maison qui était sa résidence principale.

Il est permis de recourir une seconde fois à un RAP. Il faut, pour ce faire, que le premier emprunt ait été remboursé au REER et que cette règle des cinq ans citée soit respectée.

L’on peut également s’en remettre au Régime d’encouragem­ent à l’éducation permanente (REEP), qui permet des retraits jusqu’à 20 000$ sur quatre ans, et qui doit être remboursé dans les dix années suivantes. Les sommes retirées en franchise d’impôt doivent servir à financer le coût d’études à temps plein d’une durée d’au moins trois mois consécutif­s, au niveau collégial ou universita­ire. Cela vaut pour les études du contribuab­le ou pour celles de son conjoint.

Il va sans dire que de tels retraits admissible­s ne fructifian­t plus au sein du REER, à l’abri de l’impôt, viennent briser le jeu du rendement composé et nuire au cumul du patrimoine retraite. Cet impact est d’autant plus important que l’on cotise tôt, dans l’année et dans la vie. Mais si la mise de fonds à l’achat d’une propriété est autrement insuffisan­te, ou l’endettemen­t alors trop lourd; ou si le retrait sert à produire un rendement non imposable, à accroître la valeur nette ou à obtenir une meilleure rémunérati­on…

Pour la suite du sondage, plus du tiers ne prévoient pas de cotiser à leur REER cette année. À l’opposé, 41% disent contribuer à un REER ou un CELI. Les raisons évoquées par ces premiers: manque d’argent (44%), remboursem­ent de dette (25%), autres dépenses à assumer (25 %).

Cette conclusion rejoint les résultats d’un autre sondage publiés en début de semaine par H&R Block. Seulement 33% des Canadiens disent envisager de cotiser à un REER avant la date limite du 1er mars. Si 37 % prévoient de cotiser cette année, 47% des Canadiens affirment ne pas contribuer du tout à un REER ni à un CELI.

L’achat d’une propriété n’est plus le motif principal des retraits REER hâtifs

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