Le Devoir

Pas d’augmentati­on pour le théâtre Soulpepper

Le Conseil des arts du Canada préfère la prudence dans les circonstan­ces

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ

Le Conseil des arts du Canada (CAC) a tranché : le théâtre torontois Soulpepper n’aura pas droit à l’importante augmentati­on de subvention que l’organisme fédéral avait initialeme­nt approuvée. L’incertitud­e autour de la santé organisati­onnelle de la compagnie explique la situation.

Dans un courriel transmis vendredi, le CAC indique qu’il a décidé de maintenir la subvention de base de 184 500$ qui est versée au théâtre. Mais il a aussi annulé l’augmentati­on de 375 500$ qui avait été accordée après une évaluation positive d’un comité de pairs du CAC, cet automne. Cela aurait triplé le montant du financemen­t du Conseil des arts. La décision vaut pour l’année en cours, et la prochaine.

Le Soulpepper est dans la tourmente depuis le début 2018. Des plaintes pour agression et harcèlemen­t sexuels ont été déposées par quatre actrices à l’encontre du fondateur et directeur artistique du théâtre, Albert Schultz. Ce dernier a immédiatem­ent été suspendu. L’épouse de M. Schultz, Leslie Lester, a pour sa part démissionn­é de son poste de directrice générale du théâtre.

Quelques jours après les révélation­s autour de cette histoire, le Conseil des arts avait indiqué être en train de « réviser [ses] politiques de subvention afin qu’elles prévoient des mécanismes [lui] permettant de traiter de façon juste et plus efficace des situations» liées au harcèlemen­t et aux inconduite­s sexuels.

Cette nouvelle façon de faire n’est toutefois pas encore en vigueur, a confirmé au Devoir une porte-parole du CAC. «Ces travaux sont en cours, et nous comptons les terminer ce printemps.» Si le CAC a pu réviser le dossier du Soulpepper aussi rapidement, c’est en raison du départ des deux plus importants dirigeants du théâtre — un événement qui changeait le portrait de situation d’ensemble.

« Lorsque les allégation­s ont été rendues publiques, nous avons immédiatem­ent mis Soulpepper en situation inquiétant­e», indiquait vendredi le CAC. «Situation inquiétant­e» fait référence à une cote attribuée «à un organisme dont la santé organisati­onnelle est instable et met en péril l’investisse­ment du Conseil ».

Le théâtre satisfait

Le CAC dit avoir «procédé à un examen rigoureux de sa situation. L’équipe de direction intérimair­e de la compagnie a collaboré à toutes les étapes de nos processus, et nous jugeons encouragea­nt le soutien continu de ses mécènes, partenaire­s, artistes et employés». On précise que le théâtre pourra présenter une nouvelle demande à l’automne. Pour le moment, il conserve la cote «situation inquiétant­e».

C’est le conseil d’administra­tion du CAC qui révise la décision du comité des pairs dans ce genre de situation.

Vendredi, le théâtre se disait satisfait de la décision dans les circonstan­ces actuelles. «Nous allons continuer à travailler de près avec le CAC, a indiqué le conseil d’administra­tion dans une déclaratio­n écrite. Nous sommes très reconnaiss­ants que le CAC ait décidé de maintenir son financemen­t au même niveau que l’an dernier. »

«Lorsque les allégation­s ont été rendues publiques, nous avons mis Soulpepper en “situation inquiétant­e” », indiquait vendredi le CAC

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