Le Devoir

Une technique qui génère force et émotions

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Martha Graham aura déployé toute une technique de danse, très codifiée, avec ses principes, son vocabulair­e gestuel, sa philosophi­e. Une technique intégrée au cursus des apprentis profession­nels de l’École de danse de Québec en 1992, et retirée il y a quatre ou cinq ans, rappelle l’enseignant­e Michelle Cormier. « Avec le Toronto Dance Theatre, on enseignant le “Graham canadien”, remanié par David Earle, qui a étudié directemen­t avec Graham, mais qui en faisait quelque chose de plus senti, organique, respiré dans la texture. »

Dans les années 1990, poursuit la prof, les attentes envers les danseurs contempora­ins étaient précises. «Le danseur devait avoir l’air de celui de Cunningham, de Limon ou de Graham. Maintenant, il doit être capable de tout faire, du ballet au hiphop. On s’est rendu compte qu’avec le Graham, on formait de super technicien­s, mais dans un genre trop stylé, trop codifié, et qu’il fallait miser davantage sur l’adaptabili­té pour répondre au marché de la danse actuelle. »

Comment décrire la technique en quelques mots ? « Le tronc y est moteur de tout mouvement », explique Janet Eilder, de la compagnie Martha Graham. Le mouvement est ancré dans le bassin : contractio­n et release sont deux concepts clés, des positions qui « ne sont pas des poses », peut-on lire dans Mémoire de la danse, de Graham, « mais des mouvements du dos liés à la respiratio­n profonde : le

release à l’inspiratio­n, la contractio­n à l’expiration ». Tout mouvement naissait d’une de ces phases. Par ailleurs, les gestes Graham sont larges, restent spectacula­ires, fort imprégnés encore des codes du ballet. La technique « génère l’endurance », assure Mme Eilder, «vous rend très fort, et communique très bien les émotions ».

Pour Michelle Cormier, la technique permet d’apprendre à jouer avec l’énergie du centre de gravité — « très bas, dans le bassin, et les contractio­ns et release permettent de connecter le plancher pelvien et l’énergie sexuelle féminine à celle du reste du corps ». « C’est long à comprendre, il faut y plonger trois ou quatre ans pour y arriver, mais quand tu sais comment démarrer tes mouvements de là, c’est magique ! Tu deviens fort, capable de faire des prouesses techniques. »

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