Écotech Québec publie un livre blanc pour une économie verte
Le secteur des technologies propres est en quête de financement
Le livre blanc Pour une économie verte par les technologies propres, dévoilé le 14 février dernier par Écotech Québec, interpelle le gouvernement du Québec et lui propose des pistes de solution pour favoriser l’investissement et le financement dans le secteur des technologies propres. La grappe recommande notamment à Québec d’investir dans ce domaine par l’entremise d’un fonds de capitalisation, qui attirerait selon elle des investisseurs privés tout en protégeant la propriété québécoise des entreprises. De plus, elle suggère à l’État d’exiger des entreprises industrielles auxquelles il accorde une aide financière qu’elles réalisent des démarches pour trouver des technologies propres qui leur permettraient de réduire leur empreinte environnementale.
Ces demandes arrivent à peine un mois après qu’Ernst & Young (EY) eut diffusé les résultats d’un sondage réalisé auprès d’une centaine d’entrepreneurs québécois dans le secteur des technologies propres, chez qui le financement demeurait la principale source de préoccupation, selon les conclusions. Dans les réponses obtenues, «les quatre plus grands obstacles ou enjeux soulevés sont tous liés au financement », obser ve Patrick Bossé, associé chez EY, spécialisé dans le secteur de l’énergie. En tête de liste, on retrouve la difficulté à financer des projets pilotes ou de démonstration pour prouver la valeur commerciale de sa technologie. Depuis la création d’Écotech Québec en 2009, Denis Leclerc, président et chef de la direction de cette grappe, remarque que le secteur au Québec est passé de plusieurs jeunes pousses au stade du prototypage à un nombre important d’entreprises désormais au stade du déploiement. «Un des aspects qui aide au déploiement, c’est justement une démonstration dans des conditions réelles pour un client potentiel», souligne ce dernier.
Parmi les autres obstacles mentionnés par les entreprises, on retrouve les processus administratifs liés aux demandes de financement, la détermination des sources auxquelles elles seraient admissibles et l’argent pour poursuivre leur recherche et développement.
« Le secteur des technologies propres n’est pas comme ceux, par exemple, des technologies de l’information ou de développement de jeux vidéo, souligne M. Bossé. Ce sont souvent des technologies qui prennent des années à être développées, parce qu’il y a une réglementation à travers laquelle elles doivent passer, et elles demandent souvent des fonds importants pour être mises en place. »
La moitié des entreprises répondantes avait mobilisé moins de 1 million depuis leur création, tandis que seulement 15% avaient recueilli plus de 10 millions. Selon Denis Leclerc, les besoins les plus urgents ne résident pas tant dans l’investissement en capital de risque, assuré par certains joueurs comme Cycle Capital Management et Fondaction, que dans le financement accordé par des institutions bancaires, qui demeurent frileuses devant le risque que représentent à leurs yeux les entreprises de ce secteur. Or, un soutien de leur part, notamment à travers des prêts, permettrait aux entreprises d’acquérir de la machinerie, déménager dans des locaux plus grands ou assurer leur fonds de roulement.
Le milieu a bien accueilli l’annonce du gouvernement fédéral, le 18 janvier dernier, d’un investissement de 700 millions sur cinq ans dans le soutien des technologies propres par l’entremise de la Banque de développement du Canada (BDC). «Il y a d’autres joueurs qui pourraient aussi venir sur le plancher, juge néanmoins Denis Leclerc. Comment peut-on les attirer? Parce que les institutions financières voient bien le potentiel des technologies propres, mais ils n’ont pas la connaissance fine de la réalité des entrepreneurs dans ce secteur, qui est différente de ceux en technologie de l’information ou en jeux vidéo. Il faut les amener et trouver une façon élégante et innovante de réduire leur risque», dit-il, en assurant qu’il rencontre des institutions financières pour trouver une sortie à l’impasse actuelle.