Le Devoir

Vers un nouvel accord contraigna­nt

Des investisse­urs veulent éviter une autre tragédie comme celle du Rana Plaza

- ETIENNE PLAMONDON EMOND Collaborat­ion spéciale

Près de cinq ans après l’effondreme­nt du Rana Plaza, au Bangladesh, qui avait tué plus de 1100 travailleu­rs du textile le 24 avril 2013, de grands investisse­urs appellent les détaillant­s et bannières du vêtement à renouveler leur engagement pour éviter qu’une telle tragédie se reproduise. L’Accord sur la sécurité des bâtiments et la protection contre les incendies au Bangladesh, qu’avaient signé près de 220 entreprise­s, vient à échéance en mai prochain. Le 25 janvier, une lettre a été envoyée à l’ensemble des signataire­s de la première entente pour leur demander de se joindre à un nouvel accord contraigna­nt. Parmi les 147 investisse­urs qui ont signé cette lettre, on retrouve le système de retraite de la CSN Bâtirente, la firme montréalai­se de gestion de portefeuil­le Hexavest et le Regroupeme­nt pour la responsabi­lité sociale des entreprise­s (RRSE).

François Meloche, directeur de l’engagement chez Aequo, une firme qui réalise l’engagement actionnari­al pour ces trois grands investisse­urs québécois, souligne que cet accord a permis plusieurs avancées dans la mise à niveau des bâtiments des manufactur­es de ce pays pour respecter de plus hautes normes en matière de santé et sécurité. 79% des risques détectés par des inspection­s, par exemple, ont été suivi de correctifs. « Le travail n’est pas terminé, souligne-t-il néanmoins. Il y a un danger que beaucoup d’efforts aient été inutiles si on abandonne maintenant.»

Au moment d’envoyer la lettre le 25 janvier, seulement une cinquantai­ne d’entreprise­s avaient promis de signer un nouvel accord. Au moment d’écrire ces lignes, ils étaient près d’une centaine à avoir posé leur signature. Parmi elles, on retrouve Loblaw, H&M, American Eagle Outiftters, Addidas et Fruit of the Loom.

François Meloche espère aussi que de nouvelles entreprise­s se joindront à cette initiative. Parmi les efforts à poursuivre, il souligne la formation des employés en matière de sécurité, incluse dans le premier accord, qui n’a jusqu’à maintenant été réalisée que dans la moitié des usines visées. «Ça vient de commencer plus tard que prévu», note-t-il. Au-delà des risques à sa réputation qu’une entreprise minimise avec cette attention au respect des droits de la personne dans ses chaînes d’approvisio­nnement, l’accord a aussi permis de s’attaquer à un problème endémique, en plus d’ouvrir une conversati­on plus large sur les conditions de travail dans l’industrie textile et du prêt-à-porter, juge François Meloche.

«L’esprit de cet accord n’est pas de remplacer le gouverneme­nt», précise-t-il. Le deuxième accord prévoit d’effectuer une transition des responsabi­lités en la matière à un organisme réglementa­ire national avec le soutien de l’Organisati­on internatio­nale du travail (OIT) d’ici 2021.

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MUNIR UZ ZAMAN AGENCE FRANCE-PRESSE Des tisserands bangladais travaillen­t à l’intérieur d’une usine de tissage à la main à Dacca.

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