Le Devoir

Les jours de l’usine d’Oreo montréalai­se sont comptés

Le géant Mondelez Internatio­nal avait annoncé la fermeture en 2016

- MORGAN LOWRIE

Il fut un temps où tout le quartier de l’est de Montréal environnan­t la biscuiteri­e de la rue Viau humait l’odeur des Oreo qui y étaient confection­nés.

Cette époque sera définitive­ment révolue d’ici les prochains jours lorsque le géant mondial Mondelez Internatio­nal fermera pour de bon son usine montréalai­se.

Selon un porte-parole syndical, Pierre Grenier, plusieurs des 454 employés y travaillai­ent depuis plusieurs décennies. L’annonce de la fermeture en 2016 a été ressentie comme «un choc».

Le vaste bâtiment de béton situé à l’ombre du Stade olympique a ouvert ses portes en 1956. Il a produit annuelleme­nt plus d’un milliard des fameux biscuits blanc et noir.

En 2012, l’entreprise avait même invité les journalist­es à visiter ses installati­ons afin de célébrer les 100 ans des Oreo. Ils avaient pu admirer notamment les gigantesqu­es cuves où était fabriqué le glaçage mêlant sucre, huile et vanille.

Processus graduel

Quatre ans plus tard, en novembre 2016, Mondelez annonçait qu’elle fermait les portes de l’usine de la rue Viau. Après un arrêt graduel de la production, le bâtiment d’une superficie de 300 000 pieds carrés est finalement mis en vente. L’équipement sera déplacé et mis aux enchères, a dit une porte-parole, Laurie Gizzinati.

La poignée d’employés qui y travaillai­ent encore ont reçu du soutien pour les aider à assurer la transition dans leur carrière, a-t-elle écrit dans un courriel.

Ce long processus a permis aux employés de passer à autre chose, reconnaît M. Grenier. Il ne croit pas que l’établissem­ent puisse rouvrir ses portes un jour. «On ne croit pas aux miracles», a-t-il lancé.

Plusieurs autres manufactur­es et usines ont abandonné leurs activités montréalai­ses au cours des dernières années. Parmi elles: Old Dutch Foods, Electrolux, Mabe et Energizer.

« Il y a plus d’entreprise­s qui s’en vont de Montréal qu’il y en a qui restent», souligne M. Grenier.

Un secteur stable?

Le cofondateu­r de Made in Montreal, Steve Charters, croit, de son côté, que le secteur manufactur­ier de la métropole est plutôt stable, malgré le départ de quelques gros joueurs.

«Malgré le déménageme­nt de quelques grands noms, il règne une certaine stabilité parmi les petites et moyennes entreprise­s», souligne-t-il.

M. Charters, dont le site Internet fait la promotion de produits fabriqués localement, ajoute que la majorité des employeurs qui ont transféré leurs activités à cause des coûts de la main-d’oeuvre l’ont déjà fait. Quant aux autres, ils ont de bonnes raisons de rester.

Il décrit le secteur manufactur­ier comme un mélange de vielles installati­ons, comme le quasi centenaire fabricant de vêtements Samuelsohn, près du parc Jarry, et de nouveaux venus.

M. Charters croit à une résurgence des emplois dans ce secteur d’ici cinq à 10 ans. Cet essor sera nourri par un nouvel intérêt pour les produits locaux, les produits bons pour l’environnem­ent et les nouveaux appareils, comme les imprimante­s 3D qui sont en train de transforme­r le processus de fabricatio­n.

«Ça peut changer, ça pourra être différent de ce qu’on voit aujourd’hui. Il y a un formidable potentiel devant nous », dit-il.

Après un arrêt graduel de la production, le bâtiment d’une superficie de 300 000 pieds carrés est finalement mis en vente

« Malgré le déménageme­nt de quelques grands noms, il règne entreprise­s» une certaine stabilité parmi les petites et moyennes Steve Charters, cofondateu­r du site Made in Montreal

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