Êtes-vous polymathe ?
Il n’y a pas si longtemps, le cumul de divers emplois et la polyvalence étaient encore la norme dans la société, constate la conférencière et auteure Marielle Barbe. À la Renaissance, on vénérait les « esprits universels ». On qualifiait de polymathes ces lettrés qui cumulaient les connaissances au carrefour des sciences et des arts, comme d’autres les livres dans une bibliothèque. « Combien de grands esprits étaient polymathes, comme Léonard de Vinci, Descartes, Copernic, Michel-Ange, artistes et scientifiques à la fois ? » lance Marielle Barbe. Aujourd’hui, dit-elle, on reproche souvent aux gens compétents de se « disperser», pourtant la plupart des humains ne sont pas faits d’un bloc. Mme Barbe rappelle le cas de la comédienne oscarisée Juliette Binoche, que tout son entourage a tenté en vain de dissuader de s’aventurer dans la danse, craignant que cela nuise à sa carrière. «Comment cette merveilleuse artiste, qui n’avait plus rien à prouver, pouvait-elle être “obligée” de se limiter à son activité d’actrice pour éviter de ne plus être clairement identifiée comme telle ? » déplore Mme Barbe. Les idées les plus percutantes surgissent souvent au carrefour des savoirs et des compétences, relance-t-elle, rappelant que la maîtrise de la philosophie, de la physique et son sens politique ont fait d’Einstein, d’abord mathématicien, un esprit unique, un scientifique plus visionnaire que les autres. « Autour de nous, il y a probablement plein de Vinci à qui on coupe les ailes. Je pense qu’au fond, plusieurs d’entre eux sont des slasheurs qui s’ignorent. »