Le Devoir

Syrie Un fief rebelle dans la mire des forces du régime

Bachar al-Assad veut mettre un terme aux tirs d’obus et de roquettes sur Damas

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Beyrouth — L’armée syrienne a renforcé ses positions autour de la Ghouta orientale en prévision d’une offensive terrestre contre cette enclave rebelle aux portes de Damas, dans laquelle 14 civils ont été tués dimanche dans des bombardeme­nts, a indiqué une ONG.

De leur côté, certains habitants de l’est de Damas, craignant des tirs de représaill­es des rebelles, cherchent à quitter les secteurs proches de l’enclave assiégée par le régime depuis 2013.

Ces derniers jours, le régime de Bachar alAssad a envoyé des renforts aux limites de la Ghouta, où quelque 400 000 habitants sont pris au piège dans des conditions très difficiles.

«Les renforts sont en place, l’offensive attend juste le feu vert», a dit à l’AFP le directeur de l’Observatoi­re syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, alors que l’assaut semble imminent.

Dimanche soir, les forces du régime ont tiré plus de 260 roquettes et l’aviation a mené des raids intensifs sur plusieurs localités de la Ghouta orientale, a ajouté l’ONG, qui s’appuie sur un vaste réseau de sources dans le pays en guerre depuis près de sept ans.

Au moins 14 civils dont quatre enfants ont été tués dans les bombardeme­nts et des dizaines blessés, selon l’OSDH.

Les groupes rebelles Jaich al-Islam et Faylaq alRahmane contrôlent la Ghouta, le dernier bastion rebelle près de Damas, capitale du pays et fief du régime. Ce dernier veut reprendre cette enclave pour mettre un terme aux tirs, parfois meurtriers, d’obus et de roquettes des rebelles sur la capitale.

Selon un correspond­ant de l’AFP sur place, six obus se sont abattus sur la capitale dimanche.

Des habitants de l’est de Damas ont commencé à faire leurs valises et à chercher des

endroits où aller, avant le début de l’assaut.

Selon M. Abdel Rahmane, le régime a dépêché des renforts vers la Ghouta le 5 février, date à laquelle il a lancé une campagne aérienne dévastatri­ce de cinq jours sur l’enclave. Quelque 250 civils ont péri dans les raids et les tirs rebelles de représaill­es sur Damas ont fait environ 20 morts, a précisé l’OSDH.

Solution en vue?

En outre, des négociatio­ns impliquant la Russie, qui aide militairem­ent le régime Assad, sont en cours en vue d’une évacuation des combattant­s du groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham de la Ghouta, a indiqué M. Abdel Rahmane.

La présence de ce groupe dominé par l’exbranche syrienne d’al-Qaïda est limitée dans l’enclave, mais les djihadiste­s contrôlent certains secteurs adjacents à la capitale.

Dimanche, le quotidien syrien Al-Watan, proche du régime, a fait état de pourparler­s. Mais les rebelles ont démenti de telles négociatio­ns.

«Nous sommes attachés à notre droit légitime à

l’autodéfens­e. Nous avions ouvert la porte à une solution politique et avions participé à des négociatio­ns pour stopper le bain de sang en Syrie, mais l’autre partie a violé tous les accords et tous les cessez-le-feu», a affirmé à l’AFP Mohamad Allouche, un haut dirigeant du groupe Jaich al-Islam.

Le régime a réussi à reprendre la grande majorité des zones proches de Damas, en concluant notamment des accords qui prévoient l’évacuation des rebelles en échange de la levée des sièges des localités.

Les chances d’un compromis semblent toutefois minces. «Un effondreme­nt des négociatio­ns marquerait le début d’un assaut», selon M. Abdel Rahmane.

«Nous sommes déterminés à repousser toutes les tentatives d’agression ou d’invasion de la Ghouta », a dit, de son côté, Waël Alwane, un porte-parole de Faylaq al-Rahmane, en mettant «le monde entier et l’ONU devant leurs responsabi­lités» en cas d’assaut du régime.

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