Le Devoir

Moscou a réussi son coup, ironise Trump

Le président a livré une nouvelle offensive contre l’enquête Mueller

- JIM WATSON à West Palm Beach ELODIE CUZIN à Washington

Donald Trump a affirmé dimanche que la Russie avait réussi «au-delà de ses rêves les plus fous» à semer le chaos aux États-Unis, critiquant les nombreuses enquêtes et auditions menées sur ce dossier tout en évitant de dénoncer l’ingérence de Moscou dans les élections américaine­s.

«Ils sont morts de rire à Moscou. Réveilleto­i, l’Amérique!» a écrit le président américain au petit matin dans une de ces salves de tweets qu’il af fectionne.

«Si le BUT de la Russie était de semer la discorde, le désordre et le chaos aux États-Unis, alors, avec toutes les auditions en commission­s, enquêtes et haine entre partis, elle a réussi audelà de ses rêves les plus fous », a-t-il écrit.

Ce message ponctue une nouvelle avalanche de tweets publiés par Donald Trump alors que le président passe ce long week-end — lundi étant férié aux États-Unis — dans sa demeure de Floride.

Tous concernent l’enquête sur l’ingérence russe dans la campagne présidenti­elle de 2016. Aucun ne fait mention des 17 personnes tuées mercredi dans une école secondaire à moins d’une heure de sa résidence de Mar-a-Lago.

Russes accusés

Washington a formelleme­nt accusé vendredi 13 Russes, dont un proche de Vladimir Poutine, d’avoir favorisé en 2016 la candidatur­e de Donald Trump. Les principaux services de renseignem­ent américains avaient déjà dénoncé l’ingérence russe dans la campagne. Des accusation­s particuliè­rement délicates en cette année électorale aux États-Unis, avec les élections parlementa­ires cruciales de novembre en vue.

Le chef du renseignem­ent américain, Dan Coats, a récemment averti que la Russie reprendrai­t les recettes de 2016 pour tenter d’influencer ce scrutin. Mais Donald Trump se garde depuis vendredi de dénoncer l’ingérence de Moscou, épinglée par son propre gouverneme­nt, insistant lourdement sur l’innocence de son équipe de campagne.

«Je n’ai jamais dit que la Russie ne s’était pas mêlée de l’élection, j’ai dit “c’est peut-être la Russie, ou la Chine ou un autre pays ou groupe, ou ça peut être un génie de 180 kilos assis dans son lit et jouant avec son ordinateur”. Le “mensonge” russe, c’était que l’équipe de campagne de Trump avait été complice de la Russie — Elle ne l’a jamais été!», a-t-il encore martelé dimanche.

Son prédécesse­ur, Barack Obama, son ancienne rivale Hillary Clinton, le parti démocrate… Donald Trump a rejeté l’affaire de collusion avec la Russie sur les démocrates dans ses tweets : « Obama était président, connaissai­t cette menace et n’a rien fait ».

La campagne de déstabilis­ation russe, financée à coups de millions de dollars, aurait en effet débuté dès 2014, selon l’acte d’accusation du procureur spécial Robert Mueller, chargé de l’enquête.

Le démocrate Adam Schiff, membre de la commission du Renseignem­ent de la Chambre des représenta­nts, a rappelé dimanche sur CNN avoir dénoncé de longue date le manque d’action du gouverneme­nt Obama dans cette affaire.

«Mais cela n’est pas une excuse pour que ce président ne fasse rien, a-t-il lancé. Le président des États-Unis continue de retenir des sanctions que le Congrès a adoptées, dont le Congrès veut qu’elles soient appliquées contre la Russie à cause de cette ingérence.»

Le conseiller américain à la sécurité nationale, H.R. McMaster, avait lui assuré samedi à Munich que les preuves d’une ingérence russe «étaient vraiment irréfutabl­es», avant d’ironiser qu’«en conduisant cette campagne de subversion politique», la Russie était parvenue à unir républicai­ns et démocrates à l’heure de lui imposer des sanctions.

«Le général McMaster a oublié de dire que les résultats de l’élection de 2016 n’ont pas été affectés ou modifiés par les Russes», a précisé Donald Trump, s’appuyant sur le ministère de la Justice qui a souligné vendredi qu’aucune preuve ne pointait vers un impact de l’ingérence russe sur l’issue du scrutin.

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