Le Devoir

Une élève veut « changer la loi » sur les armes

- CÉLIAN MACÉ

Dans une vibrante allocution, une survivante de la tuerie de Parkland s’en est prise au président Trump et à tous les défenseurs de la vente libre des armes aux États-Unis.

En un puissant discours de dix minutes entrecoupé de larmes, samedi, elle est devenue l’héroïne des partisans du contrôle des armes à feu aux États-Unis. Emma Gonzalez est l’une des rescapées de la tuerie à l’école secondaire Marjory Stoneman Douglas, à Parkland (Floride). Trois jours après la fusillade qui a fait 17 morts dont une majorité d’adolescent­s, la jeune fille, qui était cachée dans un amphithéât­re lors du massacre, a pris la parole dans la ville voisine de Fort Lauderdale au cours d’une manifestat­ion d’hommage aux victimes.

Elle a notamment répondu rageusemen­t à Donald Trump, qui avait insisté sur les problèmes mentaux du tueur, Nikolas Cruz: «Si le président me dit en face que c’était une terrible tragédie et qu’on ne peut rien y faire, je lui demanderai combien il a touché de la National Rifle Associatio­n [NRA, puissant lobby américain des armes à feu]. Je le sais: 30 millions de dollars! Et divisé par le nombre de victimes par balles aux États-Unis en 2018 seulement, cela fait 5800dollar­s. C’est ce que valent ces gens pour vous, Trump?» Cheveux rasés, bracelets tressés autour du poignet, Emma Gonzalez a l’âge de Columbine, la première tuerie de masse de l’histoire récente des États-Unis à s’être produite dans une école secondaire, en 1999 au Colorado.

Au-delà de sa voix brisée par l’émotion, c’est l’expression de sa volonté, de sa déterminat­ion à faire évoluer la législatio­n, qui a électrisé les téléspecta­teurs — le discours était retransmis en direct sur les chaînes d’informatio­n en continu: «Nous allons être les enfants dont on parle dans les manuels scolaires. Pas parce que nous serons une nouvelle statistiqu­e sur les fusillades en Amérique, mais parce que nous allons changer la loi. Tout comme il y a Tinker v. Des Moines [une célèbre décision de la Cour suprême sur les droits constituti­onnels des élèves dans les écoles américaine­s, datant de 1969 et qui fait toujours référence], il y aura Marjory Stoneman Douglas grâce aux efforts inlassable­s du conseil d’administra­tion du lycée, des enseignant­s, des familles et, surtout, des élèves.»

«Marche pour nos vies»

C’est la première fois qu’une étudiante incarne ainsi la lutte anti-armes aux ÉtatsUnis, soulignaie­nt plusieurs médias américains ce week-end. «À tous les hommes politiques ayant reçu des dons de la NRA, honte à vous», a-t-elle lancé en levant les yeux des feuilles de son discours écrit à la main, la foule reprenant en choeur ses derniers mots. «Ils disent que des lois de contrôle plus dures ne feront pas baisser la violence armée. Nous répondons: connerie! Ils disent qu’un gentil avec une arme arrête un méchant avec une arme. Nous répondons: connerie! Ils disent que les armes sont juste des outils comme les couteaux et sont

aussi dangereux que les voitures. Nous répondons: connerie! Ils disent qu’aucune loi n’aurait pu empêcher ces centaines de tragédies insensées. Nous répondons: connerie! Ils disent que nous, les élèves, nous ne savons pas de quoi nous parlons, que nous sommes trop jeunes pour comprendre comme le gouverneme­nt fonctionne. Nous répondons: connerie!» Dimanche, des élèves rescapés de Marjory Stoneman Douglas ont appelé à une «Marche pour nos vies » à Washington, le 24 mars, pour exiger un contrôle accru sur les ventes d’armes.

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Emma Gonzalez

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