Le Devoir

Près de 80 morts dans le bombardeme­nt d’une enclave rebelle par l’armée syrienne

- ABDULMONAM EASSA à Hammouriyé

L’aviation syrienne a violemment bombardé lundi l’enclave rebelle de la Ghouta orientale tuant au moins 77 civils, dont 20 enfants, un carnage qui laisse entrevoir un assaut contre la dernière poche rebelle près de Damas.

Les raids aériens et le pilonnage de l’artillerie continuent sur plusieurs villes de cette région assiégée depuis 2013 par le régime de Bachar al-Assad et en proie à des pénuries, selon des correspond­ants de l’AFP. Le bilan ne cesse de s’alourdir, les hôpitaux peinant à faire face à l’afflux de blessés.

La coalition nationale syrienne basée en Turquie — la principale formation de l’opposition en exil — a, dans un communiqué, dénoncé une «guerre d’exterminat­ion» menée dans la Ghouta orientale, ainsi que «le silence internatio­nal» face aux «crimes» du pouvoir dans la guerre qui ravage la Syrie depuis près de sept ans.

«Le régime bombarde intensémen­t la Ghouta orientale en vue d’une offensive terrestre» et après avoir massé des renforts autour de la zone, a indiqué à l’AFP le directeur de l’Observatoi­re syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Dimanche, le régime a tiré des centaines de roquettes sur la région, tuant 17 civils.

Lundi, les frappes aériennes ont semé mort et désolation dans plusieurs localités.

Dans une morgue improvisée de la ville de Douma, un homme effondré, Nidal, pleure près du corps sans vie de sa fille Farah.

Nombreuses frappes

Dans les hôpitaux de fortune, des parents cherchent désespérém­ent leurs enfants, morts ou vivants. Un homme éclate en sanglots en découvrant la dépouille de son nouveau-né posée sur une couverture, à côté d’une flaque de sang.

À Hammouriyé, les civils paniqués ont cherché toute la journée à s’abriter des frappes.

Le 5 février, l’armée avait déclenché une campagne aérienne de cinq jours, d’une intensité inédite sur la Ghouta, faisant environ 250 morts parmi les civils et des centaines de blessés.

Deux groupes rebelles islamistes contrôlent la majorité de la Ghouta orientale, mais des djihadiste­s du groupe Hayat Tahrir al-Cham sont également présents dans quelques poches, dont l’une adjacente à Damas.

Des pourparler­s sont en cours pour évacuer ces combattant­s islamistes, selon l’OSDH et le quotidien syrien Al-Watan. Mais, affirme l’OSDH, l’intensific­ation de la pression militaire semble montrer que le régime privilégie une offensive terrestre.

Les Nations unies ont exigé la cessation «immédiate» des bombardeme­nts de l’aviation syrienne, lundi, sur l’enclave rebelle de la Ghouta, qui ont fait selon une ONG près de 80 morts civils.

«La situation humanitair­e des civils dans la Ghouta orientale est totalement hors de contrôle», a expliqué dans un communiqué diffusé à Beyrouth Panos Moumtzis, coordinate­ur de l’ONU pour l’aide humanitair­e en Syrie. «Il est impératif de mettre fin immédiatem­ent à cette souffrance humaine insensée.» Les bombardeme­nts de « civils innocents et d’infrastruc­tures doivent cesser immédiatem­ent ».

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ABDULMONAM EASSA AGENCE FRANCE-PRESSE Une femme et des enfants syriens courent se mettre à l’abri des bombardeme­nts de l’armée syrienne sur la ville rebelle de Hamouria, en Ghouta orientale.

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