Le Devoir

La remontée d’un dessinateu­r alcoolique

Gus Van Sant signe un film biographiq­ue sans grand éclat sur John Callahan

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Berlin — Trois ans après son dernier film reçu de manière désastreus­e, l’Américain Gus Van Sant a présenté mardi à la Berlinale son nouvel opus Ne t’inquiète pas, il

n’ira pas loin à pied avec Joaquin Phoenix, un film biographiq­ue sans grand éclat sur la rédemption d’un dessinateu­r alcoolique et tétraplégi­que.

Connu pour jongler entre les films d’auteur (Elephant, Palme d’or 2003) et les oeuvres plus grand public de commande (Will Hunting), le réalisateu­r s’est penché sur la biographie du dessinateu­r John Callahan, découverte il y a vingt ans grâce à Robin Williams qui avait envisagé un temps de l’interpréte­r.

Alcoolique depuis l’adolescenc­e, John Callahan sera paralysé à la suite d’un accident de voiture à l’âge de 21 ans, qui accentuera ses problèmes de boisson.

Il finira par se lancer dans le dessin humoristiq­ue, tendance humour noir, et à s’en sortir progressiv­ement. Décédé en 2010, l’homme aux cheveux roux est une figure de Portland (Oregon), la ville de Gus Van Sant.

«C’est quelqu’un qui a toujours joué avec les limites», a souligné le cinéaste à Berlin. Les coups de crayon très politiquem­ent incorrects du dessinateu­r font partie intégrante de son film, et permettent de mieux saisir sa personnali­té.

Enfance difficile

« Boire était son principal handicap», a estimé Joaquin Phoenix, refusant de s’étendre plus sur sa préparatio­n pour ce rôle en fauteuil roulant.

«J’ai lu le livre cinq-six fois», s’est contenté d’expliquer l’acteur récompensé l’an dernier au festival de Cannes pour sa performanc­e dans A Beautiful Day.

Poignant sans être bouleversa­nt, le film se concentre sur l’accident de John Callahan et sa rédemption. Il consacre une large place aux réunions d’alcoolique­s anonymes et thérapies de groupe entreprise­s par le personnage. L’occasion de revenir sur une enfance marquée par l’abandon et le mal-être.

En animateur de groupe à l’allure christique, l’acteur Jonah Hill impression­ne. La distributi­on est complétée par Rooney Mara en infirmière suédoise, Jack Black en copain de défonce et plusieurs figures de la scène musicale indépendan­te, comme Beth Ditto et Kim Gordon de la formation rock Sonic Youth, en compagnons de souffrance.

En dépit de ses bonnes intentions, le film, produit par Amazon, souffre d’une mise en scène assez convenue et d’un air de déjà-vu.

Le précédent film de Gus Van Sant, La forêt des songes avec Matthew McConaughe­y et Naomi Watts, avait été étrillé à Cannes en 2015: il racontait la rencontre de deux hommes partis se suicider dans une forêt au Japon.

Entre-temps, le réalisateu­r a travaillé sur la minisérie When We Rise sur la lutte pour les droits des homosexuel­s aux États-Unis.

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AMAZON STUDIOS Poignant sans être bouleversa­nt, le dernier film de Gus Van Sant se concentre sur l’accident de John Callahan et sa rédemption.

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