La journaliste Évelyn Dumas honorée à Québec
Elle fut la première femme à occuper officiellement le poste de courriériste parlementaire à l’Assemblée nationale pour Le Devoir. En 1961, elle y était d’abord arrivée pour La Presse, avant de passer au Devoir l’année suivante. Douée, servie par une plume d’une rare qualité, elle n’a alors que 20 ans. La mémoire d’Évelyn Dumas, décédée en 2012, a été honorée mercredi à l’Assemblée nationale, à l’occasion d’une courte cérémonie vouée à donner officiellement son nom à une salle de l’édifice Pamphile-Le May accueillant des conférences de presse. Elle fait face à la salle des premiers ministres, où se déroulent les caucus des élus du gouvernement.
Près de six décennies ont passé depuis les débuts d’Évelyn Dumas dans ce qui s’appelait alors l’Assemblée législative. Dans son allocution pour l’occasion, le président de l’Assemblée nationale, Jacques Chagnon, a expliqué que la présence de femmes au sein de la tribune de la presse «a permis de civiliser notre institution». Il est à noter que la parité entre hommes et femmes demeure encore bien loin. En 2018, les femmes sont au nombre de 18 à la tribune de la presse, soit 29,5% des effectifs journalistiques. Parmi les députés, souvent montrés du doigt pour l’absence de parité, on trouve 37 femmes, soit 29,6 % du total des élus.
Née à Saint-Georges-de-laMalbaie, Évelyn Dumas a 15 ans lorsqu’elle tient une chronique hebdomadaire dans L’Action sociale de Joliette. Elle va collaborer au magazine Maclean’s, à La Presse, au Montreal Star et au Devoir. On peut aussi la lire dans Cité libre, la revue fondée par Gérard Pelletier et Pierre Elliott Trudeau. Comme d’autres de cette revue, Dumas va se montrer favorable à l’indépendance du Québec, en partie à cause de la pente sociale de ses idées. Elle s’intéressera beaucoup au monde ouvrier, notamment. En 1977, elle devient rédactrice en chef de l’éphémère hebdomadaire Le Jour, issu du quotidien du même nom où elle avait été éditorialiste adjointe. En 1984, Évelyn Dumas deviendra rédactrice en chef du journal agricole La Terre de chez nous. Elle travaillera aussi au ministère des Affaires culturelles et conseillera René Lévesque dans plusieurs dossiers.
Avant Évelyn Dumas, d’autres femmes journalistes se trouvèrent sur la colline parlementaire. Mais elles n’avaient pas de statut officiel ni permanent. Selon l’historien Jocelyn SaintPierre, auteur d’une histoire de la tribune de la presse, les témoignages à leur égard apparaissent par ailleurs diffus. Une certaine ambiguïté demeure aussi quant à la place occupée, à peu près à la même époque, par une autre pionnière, la journaliste Françoise Côté. Évelyn Dumas est donc, de l’avis de l’historien, «officiellement, la première femme membre de la Tribune de la presse et aussi la première à entrer dans cet antre masculin qu’était le Parlement. Elle devançait de plusieurs mois l’arrivée de la première députée de l’histoire, Marie-Claire Kirkland, élue à l’élection partielle du 14 décembre 1961.»