Le Devoir

Feu vert aux classes à trois niveaux à la CSDM

L’Alliance des professeur­s pose ses conditions à la création de ces groupes dans les écoles alternativ­es

- MARCO FORTIER

Une entente arrachée après une longue lutte ouvre la porte aux classes formées d’élèves de trois niveaux d’études dans les écoles alternativ­es de la Commission scolaire de Montréal (CSDM).

Le plus important syndicat d’enseignant­s de la région montréalai­se vient de conclure un accord autorisant la formation de ces groupes hors de l’ordinaire à la CSDM. L’école alternativ­e Rosedes-Vents, dans le quartier Rosemont, peut ainsi continuer d’offrir des classes à trois niveaux d’études — formées d’élèves de première, deuxième et troisième années, ou encore d’élèves de quatrième, cinquième et sixième années.

Cette école primaire est la seule de la CSDM à regrouper des élèves de trois niveaux différents dans une même classe. L’entente avec l’Alliance des professeur­es et des professeur­s de Montréal ouvre la porte à la formation de telles classes multiâges dans d’autres écoles alternativ­es qui le souhaitera­ient.

Il s’agit d’une victoire importante pour les enseignant­s et les parents d’élèves de l’école Rosedes-Vents, qui se heurtaient depuis un an à la résistance de l’Alliance des professeur­s. Après 29 ans d’existence de ces classes inhabituel­les, le syndicat avait refusé de renouveler son appui au projet éducatif de l’école Rose-des-Vents.

«Je suis soulagée. On a mis énormément d’énergie dans cette bataille. C’était vraiment absurde: il y a tellement de problèmes en éducation, on se demandait pourquoi le syndicat s’opposait à un programme qui fonctionne bien et qui fait l’unanimité à notre école», a réagi Diane Gendron, mère d’une élève de cinquième année à l’école Rose-des-Vents.

Sa fille fait partie d’une classe formée d’enfants de quatrième, cinquième et sixième années. Elle gardera la même enseignant­e durant les trois années. La professeur­e et les élèves ont le temps de se connaître et de nouer une relation de confiance. Dans cette classe, les grands aident les petits. C’est ce que les enseignant­s et les parents apprécient du modèle de classes à trois niveaux: la collaborat­ion, l’entraide, le développem­ent de l’autonomie des enfants.

Surcharge de travail

Les classes à deux niveaux sont nombreuses, à la CSDM comme ailleurs. Pour établir des classes à trois niveaux, le contrat de travail des enseignant­s prévoit que le syndicat doit donner chaque année le feu vert à une dérogation.

C’est cette dérogation que l’Alliance des professeur­s avait refusé d’accorder l’an dernier. Le syndicat disait craindre que les classes à trois niveaux s’étendent à des écoles ordinaires de la CSDM s’il maintenait son appui à ce projet de l’école alternativ­e Rose-des-Vents. Ce type de classe alourdit la tâche de travail des enseignant­s et nécessite beaucoup de planificat­ion et d’organisati­on.

«On a adopté une procédure pour le permettre dans le contexte particulie­r des écoles alternativ­es», confirme Catherine Renaud, présidente de l’Alliance des professeur­s de Montréal.

Il faut dire que le syndicat n’avait pas le choix de faire volte-face: une décision du Tribunal administra­tif du travail l’avait obligé l’été dernier à accepter le principe des classes à trois niveaux dans les écoles alternativ­es.

Dans une décision de 43 pages, le juge administra­tif Jean Paquette avait tranché: l’Alliance des professeur­s «a agi de manière arbitraire et discrimina­toire» envers les douze enseignant­s de l’école Rose-des-Vents. Le syndicat, qui regroupe plus de 9000 enseignant­s, a refusé sans justificat­ion valable de renouveler une entente qui est à la base même du projet éducatif de cette école depuis trois décennies, a souligné le juge.

Le syndicat appuie désormais ce type de classe uniquement dans les écoles alternativ­es, et à la condition que tous les enseignant­s de l’école soient d’accord. Tous les nouveaux enseignant­s qui rejoignent une école offrant des classes à trois niveaux devront recevoir une formation.

De son côté, la CSDM accueille favorablem­ent l’ouverture du syndicat envers ce type de classe dans les écoles alternativ­es. «On a toujours été d’accord, mais il fallait une entente avec l’Alliance pour que ce soit possible», dit Catherine Harel Bourdon, présidente de la CSDM.

«Notre intention n’est pas d’imposer notre volonté au milieu. La volonté doit venir du milieu, comme à l’école Rose-des-Vents, où les classes multinivea­ux existent depuis des décennies», ajoute-t-elle.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Les enseignant­s et les parents d’élèves de l’école alternativ­e Rose-des-Vents, dans le quartier Rosemont, se heurtaient depuis un an à la résistance de l’Alliance des professeur­s.

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