Le Devoir

La Ville de Montréal évacue 20 locataires d’immeubles insalubres dans Pointe-Saint-Charles

- LISA-MARIE GERVAIS

Pas de sursis pour les quelque 20 résidents de deux immeubles insalubres de Pointe-SaintCharl­es: la direction de l’habitation de la Ville de Montréal maintient sa décision et ils devront être évacués jeudi matin. Des organismes communauta­ires d’aide au logement demandaien­t quant à eux l’obtention d’un délai supplément­aire afin de laisser le temps à l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) de bien faire son travail de relogement des occupants.

«Le délai de trois semaines, c’est inacceptab­le. On n’a pas le temps de faire le suivi adéquat pour ces personnes dans une vulnérabil­ité importante, qui ont des problèmes de santé mentale et de toxicomani­e. C’est très préoccupan­t», a dit Cédric Glorioso-Deraiche, porte-parole des organismes membres de la table de concertati­on Action-Gardien, à Pointe-Saint-Charles.

Selon lui, il ne s’agit pas de remettre en question l’évacuation des locataires de ces immeubles jugés insalubres et non sécuritair­es, mais de donner plus de temps pour «humaniser» le processus. «On doit tenir compte de la vie des locataires derrière cette situation-là.» Action-Gardien croit que l’OMHM ne réussira pas à reloger les locataires, estimant que seuls 20% des locataires évincés ont accompli les démarches (ouverture de dossier, demande de subvention, vérificati­on de l’admissibil­ité, etc.)

Des représenta­nts de ces organismes sont allés plaider la cause de ces résidents en situation précaire au Conseil de Ville cette semaine. Mais l’urgence de la situation justifie le maintien de la décision, a signifié Magda Popeanu, responsabl­e des questions d’habitation au comité exécutif.

Accumulati­on d’infraction­s

La Ville de Montréal a remis le 2 février dernier des avis d’évacuation des immeubles situés sur les rues Châteaugua­y et Centre, dans l’arrondisse­ment du Sud-Ouest, indiquant que les locataires auraient trois semaines pour quitter les lieux. Elle a dit être préoccupée de leur état «qui compromett­ait la sécurité de ses occupants ».

Le problème était toutefois connu depuis 2010. Depuis au moins huit ans, le propriétai­re des deux immeubles, Robert Zaphiratos, accumule en effet les infraction­s de non-conformité «pour des questions d’entretien ou de salubrité», a confirmé un porte-parole de la Ville.

En décembre dernier, des inspection­s du service des incendies, permettant de constater des problèmes avec les issues de secours, ont été la goutte qui a fait déborder le vase. Des problèmes d’infiltrati­on d’eau, de moisissure­s et de vermine ont également été relevés.

«Aucun ménage locataire ne se retrouve à la rue à la suite de nos interventi­ons», a dit Jules Chamberlan­d-Lajoie, relationni­ste à la Ville de Montréal, assurant que l’OMHM prenait la chose en main. Les biens des locataires pourront rester à l’intérieur des logements le temps de la transition.

Des locataires avaient entamé des procédures d’action collective pour obtenir des compensati­ons du propriétai­re. Ce dernier a déposé cette semaine une injonction pour contester l’avis d’éviction remis par la Ville, sans succès.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Le propriétai­re des deux immeubles visés accumule depuis huit ans les infraction­s de non-conformité.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le propriétai­re des deux immeubles visés accumule depuis huit ans les infraction­s de non-conformité.

Newspapers in French

Newspapers from Canada