Le Devoir

Trudeau clarifie la question sikhe avec le ministre en chef du Pendjab

- MIA RABSON à Amritsar, en Inde

Justin Trudeau soutient qu’il a exprimé de façon «très, très claire» au dirigeant de l’État indien du Pendjab, à majorité sikhe, que le Canada appuie une Inde unie et condamne toute forme d’extrémisme violent.

Accompagné du ministre de la Défense, Harjit Sajjan, le premier ministre canadien a rencontré mercredi le ministre en chef du Pendjab, Amarinder Singh, qui dénonçait récemment l’appui accordé selon lui aux séparatist­es sikhs par des membres du cabinet Trudeau. Le premier ministre a répété que ces allégation­s sont fausses et qu’il s’agit de malentendu­s.

La majorité des Indo-Canadiens sont des sikhs originaire­s de cet État du Pendjab, où un mouvement séparatist­e milite en faveur de la création d’un État sikh indépendan­t, le «Khalistan».

M. Trudeau répète que le Canada est partisan d’une république indienne unie et qu’il condamne toute violence politique, mais qu’il ne brimera pas, par ailleurs, la liberté d’expression de ceux qui militent pacifiquem­ent pour un État sikh indépendan­t, au nom de la «diversité des points de vue».

L’Inde déplore depuis quelques années que le Canada n’en fasse pas suffisamme­nt pour mater les éléments extrémiste­s de la communauté sikhe au Canada. New Delhi déplorait notamment la présence de M. Trudeau à certaines activités de la communauté sikhe où étaient aussi présents des militants indépendan­tistes. Le premier ministre indien, Narendra Modi, a abordé cette question plusieurs fois avec M. Trudeau, et il risque bien d’en reparler vendredi lors de leur première rencontre, au terme de ce voyage officiel d’une semaine.

En avril dernier, le ministre en chef du Pendjab avait sèchement indiqué qu’il ne souhaitait pas rencontrer de ministre canadien. Il avait ainsi ignoré totalement la visite en Inde du ministre canadien de la Défense, qualifiant M. Sajjan et les trois autres ministres sikhs du cabinet Trudeau de «sympathisa­nts à la cause du Khalistan».

Une «frange séparatist­e»

À l’issue de la rencontre de mercredi, le ministre en chef Singh a écrit sur sa page Facebook qu’il était «ravi d’avoir obtenu la ferme assurance» de M. Trudeau que le Canada appuie une Inde unie. «Nous sommes impatients de voir ce gouverneme­nt combattre la frange séparatist­e», poursuit-il.

En point de presse, plus tard mercredi, M. Trudeau n’a pas voulu dire s’il croyait à l’existence d’une telle frange séparatist­e problémati­que au Canada.

M. Singh a été plutôt chaleureux en accueillan­t M. Trudeau dans un hôtel d’Amritsar ; il a été plus réservé en saluant le ministre Sajjan. Cette rencontre a d’ailleurs failli ne jamais se concrétise­r: juste avant la visite officielle, M. Singh avait indiqué à la presse locale qu’il voulait accompagne­r lui-même M. Trudeau au Temple d’or d’Amritsar, mais le cabinet du premier ministre soutenait qu’aucune rencontre n’était prévue. C’est finalement le ministre Sajjan qui a insisté, dimanche, pour une rencontre entre les trois hommes.

Plus tôt mercredi, M. Trudeau a effectivem­ent visité le Temple d’or, lieu saint de la religion sikhe. En dépit des tensions générées par la question séparatist­e, M. Trudeau a été accueilli chaleureus­ement à Amritsar, comme il l’avait été plus tôt cette semaine à Ahmedabad, dans l’État du Gujarat. .

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SEAN KILPATRICK LA PRESSE CANADIENNE Justin Trudeau a rencontré Amarinder Singh mercredi.

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