Musique David Myles sort un onzième album qui fait bouger
Le chanteur canadien à la voix de crooner sort un onzième album qui fait bouger
A-t-il fallu dix secondes? Disons vingt. Le r ythme galopant, moitié rockabilly supersonique, moitié «jungle beat» des orchestres jazz des années 1940 s’empare du corps et hop! On est debout, on danse. L’ordi dans le bureau, impassible, attend que la frénésie passe. Mais ça dure. Tout le long de Night and Day, la chanson qui lance l’album Real Love de David Myles. Et puis c’est la chanson-titre, justement, qui renchérit : tiguidop, tiguidop, tiguidop! Le grand galop! C’est plus fort que soi, comme dans une messe gospel, on lève les bras au ciel.
Essayez de résister. Les extraits sur les plateformes numériques suffiront. Ou alors le clip officiel de Night and Day sur YouTube. Et comme moi, vous vous demanderez: qui donc est ce type épatant? D’où sort ce grand échalas dégingandé, à tête de Buddy Holly, qui chante comme un crooner poursuivi par une nuée de bourdons? La description fait rigoler David Myles à son bout du fil, en direct de Halifax. C’est là qu’est établi le fils de Fredericton, de là qu’il mène carrière depuis… une quinzaine d’années! Real Love, faut-il préciser, est son onzième album. Onzième !
«On peut parler d’une progression lente», finit par dire, sans cesser de rire, l’auteur-compositeur-interprète. « Je suis d’abord un fan de musique, un collectionneur de disques: mon apprentissage a été celui d’un explorateur passionné. Ça a commencé avec le jazz, et puis c’était le R&B et le soul, je ne jurais que par Jackie Wilson et Sam Cooke, et puis je me suis intéressé au hip-hop, j’ai travaillé avec le rappeur Classified. J’en suis venu à la pop contemporaine… Je cherchais toujours la même chose : les éléments fondamentaux qui font que l’on a envie, presque malgré soi, de bouger.»
Tout ça pour revenir à l’origine, ce moment dans les années 1950 où les fils se touchèrent et
le rock’n’roll explosa. «Il manquait la musique country à mon équation. Découvrir Don Gibson, Jim Reeves, le rockabilly de Sun Records, ça a été une révélation. Je pouvais enfin tout réunir et créer quelque chose de dynamique et de détonant. Ça sonnait frais et neuf, presque postmoderne, même si les références sont clairement anciennes: je tenais quelque chose.»
Quand on échantillonne les albums précédents, on constate que c’est agréable, toujours bien fait, mais on n’est pas happés, soulevés. Qui plus est, David chantait pas mal plus haut. «Dans la pop des 1930-1940 dernières années, les voix sont haut perchées. Ou alors puissamment poussées, comme un Bono. Dans mon immersion country-rock’n’roll première époque, j’ai entendu des chanteurs qui parvenaient à être impressionnants et excitants sans jamais pousser la note: Ricky Nelson, Johnny Cash, Jim Reeves, Elvis. J’ai compris que c’était affaire de ton, de débit, de rythme dans le phrasé. Et d’espace.»
De l’espace pour la voix
Crucial, l’espace. Prenons All Shook Up d’Elvis Presley en exemple. Il n’y a presque rien, et tout est là: ça groove, on est en transe. «C’était mon but: créer une énergie dansante, mais en enlevant tout ce qu’on peut enlever. Ramener à
l’essentiel.» Pour la chanson Dreamin’, il n’y a que la voix, moitié seule, moitié avec un choeur. Et il ne manque absolument rien. « Dans la plupart des chansons, c’est un arrangement pour trio, ça laisse une grande marge de manoeuvre. On peut alterner les couplets très clairsemés et les refrains très pleins. En spectacle, ça permet de varier les effets. Pour un gars comme moi, qui fait des spectacles dans toutes sortes de lieux depuis tant d’années, il n’y a pas plus grande souplesse: je peux pousser un public particulièrement volontaire à un état d’abandon assez extrême. »
Comment cela se passera-t-il dans les jours qui viennent, première vraie tournée québécoise qui passe par Lavaltrie et Québec, avec épicentre au Gesù dans le cadre de Montréal en lumière? «Tout peut arriver. Je sais seulement que dans ma boîte de vitesse, j’ai dorénavant une manette pour l’“overdrive”… » En spectacle jeudi au Café culture de la Chassegalerie à Lavaltrie, le samedi 24 février au Gesù dans le cadre du festival Montréal en lumière, ainsi qu’au théâtre Petit-Champlain de Québec le lendemain.