Risques de violence des séparatistes : Trudeau nie avoir évoqué le Québec
Justin Trudeau a catégoriquement nié vendredi avoir utilisé l’exemple de la lutte des souverainistes au Québec pour illustrer les risques de violence que peuvent poser les mouvements indépendantistes.
«Le rapport est entièrement faux. Je n’ai pas dit ça», a-t-il affirmé en conférence de presse à New Delhi, alors que la fin de son houleux voyage officiel de plusieurs jours en Inde pointait à l’horizon.
Le premier ministre a déclaré qu’il avait «toujours été très fier du fait que le Canada et le Québec ont des leçons à partager avec le monde sur le pluralisme, la diversité, les différents points de vue, sans avoir recours à la violence».
Il était questionné sur un compte rendu émanant du bureau du ministre en chef du Pendjab, Amarinder Singh. Selon ce sommaire, il aurait pris comme exemple le mouvement indépendantiste du Québec pour convaincre ses hôtes qu’il était conscient des périls liés à de tels courants.
« Citant le mouvement séparatiste au Québec, Trudeau a affirmé qu’il avait composé avec de telles menaces toute sa vie et qu’il était pleinement conscient des dangers de la violence, qu’il a toujours combattus avec toute sa force», a déclaré Raveen Thukral, porte-parole du dirigeant.
C’est à tout le moins ce qu’on peut lire dans un compte rendu publié à l’issue de la rencontre, mercredi dernier, sur un site gouvernemental du Pendjab.
Avant que le premier ministre canadien ne le fasse luimême, son bureau avait démenti cette information. «Cette affirmation est complètement fausse», avait dit la porte-parole Chantal Gagnon en entrevue téléphonique depuis la capitale indienne.
Selon ce qu’a par ailleurs confié une source gouvernementale à La Presse canadienne, Justin Trudeau a «parlé du Québec» avec son hôte, mais «en aucun cas n’a fait de comparaison entre les mouvements indépendantistes québécois et sikhs, surtout pas avec la violence ».
La majorité des Indo-Canadiens sont des sikhs du Pendjab, où un mouvement milite pour la création d’un État sikh indépendant, le Khalistan. Avant l’arrivée de Justin Trudeau en Inde, un magazine a publié un article l’accusant d’avoir dans son cabinet des sympathisants à la cause.
« Mensonger et irrespectueux »
Les propos sur la violence attribués au premier ministre par le représentant indien ont évidemment fait sursauter au Québec et à Ottawa.
«Que Justin Trudeau se ridiculise en Inde, c’est son affaire. Mais identifier le mouvement indépendantiste québécois actuel à la violence est mensonger et irrespectueux pour des millions de Québécois», a écrit vendredi matin sur Twitter le chef du Parti québécois, JeanFrançois Lisée.
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, lui a donné raison. «Ça n’arrive pas souvent que je suis d’accord avec mes adversaires», a-il noté en mêlée de presse du côté de Washington, tout en mentionnant ne pas être au courant des «propos exacts» de son homologue canadien.
À Ottawa, l’opposition se frottait déjà les mains vendredi. Cette affaire risque de revenir hanter le premier ministre lorsque la Chambre reprendra ses travaux lundi.
«J’ai des amis souverainistes et, même si je ne partage pas leur vision, JAMAIS ils n’ont pensé recourir à la violence pour faire la souveraineté. Trudeau fait du “Québec bashing” pour se sortir de la m… dans laquelle il s’est mis lui-même en Inde», a écrit sur Twitter le conservateur Luc Berthold.
Dans le camp néodémocrate, le député Alexandre Boulerice a remis en question la version des faits du premier ministre. « Il est plausible de croire que ce que le gouvernement indien nous a raconté était vrai», a-t-il dit en marge d’une annonce au Parlement.
Les propos attribués au premier ministre ont fait sursauter au Québec et à Ottawa