Le Devoir

Télévision et grilles

Simon Olivier Fecteau retourne au Web pour le plaisir, et non par dépit

- MANON DUMAIS

Ta carrière, ça va semi-bien, tu te remets à faire du Web», lance Jérémy Gabriel à Simon Olivier Fecteau dans la bande-annonce de la quatrième saison de la série Web En audition avec Simon. Dans la réalité, l’acteur, scénariste et réalisateu­r, qui planche sur son prochain long métrage, n’avait pas besoin de se glisser de nouveau dans la peau de l’imbuvable metteur en scène qui se plaît à humilier les gros noms du showbiz québécois. Il l’a fait parce qu’après sept ans, on lui en parlait encore et qu’il a eu envie d’y revenir.

«La plus grosse différence entre 2010-2011 et maintenant, c’est qu’avant, dans mon casting de saison, j’avais 75% d’hommes et 25% de femmes, note Simon Olivier Fecteau. J’avais de la misère à trouver des femmes. On cherchait des grosses vedettes et il y avait moins de grosses vedettes féminines. Aujourd’hui, c’est l’inverse; j’ai eu de la difficulté à trouver des vedettes masculines pertinente­s à inviter. Dans la nouvelle saison, j’ai 75 % de femmes et 25 % d’hommes. L’humour a changé, le

casting a changé, le Web a changé et j’ai hâte de voir quelle place y prendra En audition avec Simon .»

Certes, l’humour a changé. Depuis l’apparition du mouvement #MoiAussi, on ne peut plus rire autant du sketch où Fecteau et Étienne De Passillé, son assistant et souffre-douleur, se vantent d’avoir frenché Julie LeBreton en audition. Pas plus que de celui où le metteur en scène convie Laurence Leboeuf a un essai, un vendredi soir, verre de rouge à la main.

«S’il y a une zone où tu peux abuser du monde, c’est bien lors d’une audition. Ce sketch ne peut plus se faire aujourd’hui et ce n’est pas nécessaire­ment une mauvaise chose. Et ce n’est pas nécessaire­ment de la censure non plus. C’est juste qu’on évolue, tant la société que nous comme individus. Il y a des trucs que

Il y a une tension dans l’air avec le mouvement #MoiAussi, mais cette tension peut aussi apporter des situations humoristiq­ues. Qui dit tendu dit punch, dit utilité d’écriture. J’aborde donc ce sujet dans la nouvelle saison. SIMON OLIVIER FECTEAU

je trouvais drôles en 2010 et 2011 qui me font moins rire. Il y a une tension dans l’air avec le mouvement #MoiAussi, mais cette tension peut aussi apporter des situations humoristiq­ues. Qui dit tendu dit punch, dit utilité d’écriture. J’aborde donc ce sujet dans la nouvelle saison. »

Et c’est Magalie Lépine-Blondeau qui en fait les frais dans la première des 12 capsules de la saison, où l’on promet d’aller plus loin que dans les trois saisons précédente­s: «Je leur ai fait faire des trucs edgy, délicats. Entre deux prises, Étienne a dit à Guylaine Tremblay: «T’as vraiment accepté de jouer ça, toi?” C’est la première fois que ça arrivait. Il y a des auditions qui sont juste niaiseuses, drôles pour être drôles, mais je pense qu’on va plus loin dans certains sujets. J’essaie que ce soit universel, accessible, même si ça se passe dans un cadre artistique. Je ne fais pas d’insides ; quand j’en fais une, c’est qu’elle est assez connue de tous pour ne plus en être une. »

Secondé à la photo par Geneviève Perron et François Messier-Rheault, Simon Olivier Fecteau reconnaît que la réalisatio­n a monté de quelques crans (il y aura même des effets spéciaux), mais dévoile qu’elle respecte la facture modeste qui faisait son charme. S’il ne ferme pas la porte à d’autres formes ou moutures, il préfère qu’En audition avec Simon demeure une websérie.

«On a failli vendre je ne sais combien de fois en Europe, mais ça n’a jamais abouti malgré de nombreuses conversati­ons. Puis, des années plus tard, tu découvres sur une chaîne française une série qui n’est pas tout à fait pareille, mais qui ressemble à la tienne… Je n’ai pas d’amertume; ce projet que j’ai fait pour demeurer actif était tellement petit au départ que tout ce qui est arrivé ensuite, c’était du bonus .»

 ?? CATHERINE LEGAULT LE DEVOIR ?? L’acteur, scénariste et réalisateu­r n’avait pas besoin de se glisser de nouveau dans la peau de l’imbuvable metteur en scène qui se plaît à humilier les gros noms du showbiz québécois. Il l’a fait parce qu’après sept ans, on lui en parlait encore et...
CATHERINE LEGAULT LE DEVOIR L’acteur, scénariste et réalisateu­r n’avait pas besoin de se glisser de nouveau dans la peau de l’imbuvable metteur en scène qui se plaît à humilier les gros noms du showbiz québécois. Il l’a fait parce qu’après sept ans, on lui en parlait encore et...

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