Pauvre diplomatie canadienne !
À l’issue de la mission controversée du premier ministre Justin Trudeau en Inde, je me permets une petite pensée compatissante (déformation professionnelle oblige) pour les organisateurs de cette équipée étriquée et critiquée tant sur le plan de la forme que du contenu.
Je ne doute pas que le Protocole et le ministère des Affaires étrangères aient présenté des dizaines de projets de programmes de visite tous plus sérieux les uns que les autres mais, à la fin, comme c’est toujours le cas et à bon droit, le dernier mot appartient au premier ministre et à son entourage. Une fois les objectifs circonscrits, la direction tracée, l’ultime version choisie, l’intendance doit suivre, en dépit des réserves et des doutes qu’elle peut encore avoir.
Un chef d’État ou de gouvernement s’entoure habituellement de gens bien avisés, mais aussi parfois de gens d’influence mais de peu d’expérience, moins sensibles aux subtilités de la politique internationale.
Il arrive à ces derniers de remporter les débats internes et d’avoir l’oreille du chef à la fin, surtout si le chef a déjà quelques faiblesses en ce domaine et vise davantage des objectifs personnels que politiques et économiques. On a bien vu que les activités familiales et touristiques, au lieu d’être accessoires, étaient en fait les mieux préparées et les mieux réussies de cette visite, d’un point de vue qui n’est certes pas celui du contribuable canadien.
Je pensais que, « parce qu’on est en 2018», le temps où la «machine gouvernementale» devait être mise à la disposition de la famille et des amis de nos dirigeants était révolu, mais ce n’est vraisemblablement pas encore le cas, même quand il se trouve à disposition, un ou des conseillers à l’éthique. Bref, il est clair que ce grand cafouillage a terni l’image de la diplomatie canadienne, et je m’en désole.
Michel Gagné, ex-chef du Protocole du gouvernement du Québec Québec, le 24 février 2018