Un grand bâtisseur de la francophonie
Le 21 février s’éteignait paisiblement un des grands bâtisseurs de la francophonie en général et de la francophonie universitaire en particulier, le recteur Michel Guillou.
C’est sous sa gouverne que l’Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (AUPELF) dont il a été président, puis directeur général, a créé l’Université des réseaux d’expression française (UREF) pour ensuite se transformer en Agence universitaire de la Francophonie, l’opérateur des Sommets de la Francophonie en matière d’enseignement supérieur et de recherche.
Ces changements statutaires successifs sont le reflet d’une croissance quantitative et qualitative absolument extraordinaire de la coopération universitaire au sein de l’espace francophone. C’est Michel Guillou qui a été l’âme dirigeante et le principal responsable de cette évolution marquée par la multiplication des institutions, des programmes, des publications, des échanges et des initiatives visant à rendre vivante et forte la Francophonie universitaire.
Pendant plus de trente ans, il a mené avec courage et détermination, parfois de manière intempestive, un véritable combat pour qu’advienne l’idéal d’un réseau vivant d’universités francophones du Nord comme du Sud oeuvrant ensemble au service du développement. Après son mandat à l’AUF, il a créé, à l’Université Lyon 3, l’Institut international pour la Francophonie.
Qu’y avait-il derrière cette détermination, voire cette fougue ?
Une vision, d’abord. Doué d’une intelligence et d’une force d’anticipation hors du commun, ce diplômé de Supélec a saisi toute la force du concept de réseau et réalisé qu’en faisant coopérer en recherche les meilleurs éléments des universités francophones du Nord comme du Sud, l’AUF pouvait, à relativement peu de frais, obtenir de grands résultats sur le plan du progrès des connaissances utiles au développement.
Danger de la mondialisation
Dès l’entrée en scène d’Internet, il a immédiatement perçu, d’une part, le danger d’une mondialisation unipolaire et négatrice de la diversité culturelle, mais, d’autre part, le fabuleux potentiel des NTIC pour brancher professeurs et étudiants des pays en développement sur les sources internationales de la connaissance. D’où l’implantation rapide, partout dans les universités francophones, des fameux centres SYFED-REFER.
Cette détermination s’explique aussi, et surtout peut-être, par l’adhésion de Michel Guillou aux idéaux français de liberté, d’égalité et surtout de fraternité. Il a bien connu les pays en développement, particulièrement ceux de l’Afrique occidentale. Entre autres, dans sa jeunesse, il avait créé et dirigé l’IUT de Dakar, devenu, sous sa direction, l’École nationale supérieure de technologie de Dakar.
Rien d’étonnant à ce que, réunis par coïncidence le jour de sa mort, les recteurs africains aient adopté la résolution suivante: «Apprenant la nouvelle du décès du recteur Michel Guillou, ancien recteur de l’AUF, les recteurs des universités d’Afrique francophone… ont observé ce matin une minute de silence après avoir salué la mémoire du grand artisan de la construction de l’espace de l’enseignement supérieur africain et francophone… Que la terre lui soit légère ! »
L’AUF ayant son siège social à Montréal, Michel Guillou était un grand ami du Québec, dont il partageait les ambitions et les rêves.
Ses obsèques auront lieu à Saint Maur-des-Fossés, en banlieue de Paris, le 27 février.
Nos plus sincères condoléances à son épouse, Denise, à ses enfants, à ses petits-enfants et à tous ceux qui l’ont côtoyé et aimé et qu’il a aidés à grandir.