Le Devoir

Un nombre record d’Américaine­s se lancent en politique

- JENNIE MATTHEW à New York

Elles sont ex-militaire, développeu­se pour le Web, voire auteure de romans: les Américaine­s n’ont jamais été aussi nombreuses à descendre dans l’arène politique, poussées par l’élection de Donald Trump, à vouloir en finir avec des années de sous-représenta­tion.

«Je suis là-dedans depuis 30 ans et je n’ai jamais rien vu de tel», souligne Patti Russo, directrice d’un institut de l’Université Yale spécialisé dans la formation des femmes briguant des postes électoraux.

Les femmes, qui ne représente­nt aujourd’hui que 20% des élus au Congrès, devraient notamment participer en force aux élections de novembre prochain, où les démocrates espèrent reprendre la majorité parlementa­ire et imposer une cuisante défaite à Donald Trump.

De la grande Marche des femmes organisée au lendemain de l’investitur­e de Trump au mouvement anti-harcèlemen­t #MeToo, plusieurs facteurs contribuen­t à pousser les femmes à vouloir prendre plus de place sur la scène politique.

Selon le Centre pour les femmes et la politique de l’Université Rutgers, dans le New Jersey, 437 femmes devraient cette année briguer un poste au Congrès et 51 au Sénat, soit deux fois plus que lors des élections de 2016.

La plupart sont démocrates, scandalisé­es par la victoire d’un homme dépourvu de toute expérience politique et que plusieurs femmes accusent de harcèlemen­t sexuel. Elles sont furieuses aujourd’hui encore que sa rivale Hillary Clinton ait pu perdre face à Donald Trump.

Beaucoup sont aussi animées par le sentiment que les droits des femmes sont aujourd’hui menacés, et particuliè­rement sensibles à la remise en cause de la loi sur la couverture médicale pour tous, de la protection de l’environnem­ent ou des restrictio­ns sur les armes à feu.

Plus jeunes

Témoin de la tendance: Emily’s List, une organisati­on pro-avortement qui milite pour l’élection de femmes démocrates, a dû embaucher et agrandir ses locaux après avoir été contactée par quelque 30 000 femmes souhaitant faire campagne depuis novembre 2016.

Ces femmes prêtes à sortir du rang sont plus jeunes qu’avant: alors qu’il y a une génération celles qui voulaient se présenter étaient typiquemen­t quadragéna­ires, aujourd’hui l’âge moyen se situe dans la petite trentaine.

Lindsay Brown, développeu­se Web de 29 ans, est de celles-là: féministe et républicai­ne, elle espère ravir l’investitur­e de son parti au député sortant, vieux routier de la politique du New Jersey, Leonard Lance.

«Ma mère a d’abord été choquée» quand elle a appris qu’elle se présentait, raconte Lindsay Brown depuis la maison où elle vit avec ses deux chiens et ses trois chats. Maintenant, «elle est tout excitée et très fière ».

La bataille s’annonce pourtant difficile : pour l’instant, Brown ne peut compter que sur une poignée de bénévoles et 3300 $ de dons, et n’a rassemblé que 20 des 200 signatures nécessaire­s d’ici avril pour enregistre­r sa candidatur­e à la primaire républicai­ne.

Jamais non plus on n’avait vu autant de femmes briguer un poste de gouverneur d’un État: près de 80 devraient se présenter cette année, contre 34 en 1994, le précédent record.

En Géorgie notamment, Stacey Abrams, à la fois femme d’affaires, avocate et auteure de huit romans à suspense, espère briser le plafond de verre et devenir la première femme gouverneur­e noire.

Sur les 50 postes de gouverneur­s américains, seuls six sont aujourd’hui tenus par des femmes.

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