Le Devoir

Le remède aux congés de maladie

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Le 2 mars dernier, Le Devoir faisait état du coût élevé des congés de maladie dans le réseau de la santé.

J’ai été près de trente ans à la direction d’établissem­ents de santé et de services sociaux à Montréal. La question des absences pour maladie et des absences liées aux accidents du travail a toujours été d’actualité. Et les convention­s collective­s ont des mesures aidantes pour les employés. Toutefois, la montée des absences ces dernières années est inquiétant­e non seulement en raison des coûts, mais aussi en raison de leur impact sur la qualité des services.

En effet, un remplaçant n’a pas nécessaire­ment une connaissan­ce de l’usager qu’il doit desservir. Il ne lui apporte pas la sécurité attendue d’un employé permanent et n’est pas vraiment intégré dans l’équipe des soignants. Cette situation nuit au contexte de travail, augmente le stress et diminue la qualité de vie autant des usagers que des travailleu­rs.

Quelle est l’origine de cette situation déplorable…? Vient-elle des fusions d’établissem­ents et des réformes successive­s des services de santé et de services sociaux? En partie, c’est possible. En effet, dans des organisati­ons plus petites, il est plus facile de développer une culture organisati­onnelle plus humaine, un sentiment d’appartenan­ce à son équipe de travail et à son organisati­on. Le réseau est maintenant à des années-lumière de l’approche du «Small is beautifull» d’E. F. Schumacher. Vient-elle, en partie, des organisati­ons syndicales et de l’opinion publique qui, insidieuse­ment, martèlent à qui mieux mieux que les conditions de travail du monde de la santé et des services sociaux sont inhumaines? C’est presque devenu anormal de ne pas être épuisé… La satisfacti­on au travail estelle devenue une aberration? Vient-elle, en partie, d’une méconnaiss­ance du monde du travail et du stress relié aux autres secteurs de l’économie soumis à la concurrenc­e, à la performanc­e et à l’insécurité?

La tendance actuelle m’apparaît autodestru­ctrice. S’il y a un consensus sur le fait que les conditions de travail dans les établissem­ents sont exécrables, comment motiver les travailleu­rs actuels à ne pas se désengager de leurs tâches? Comment inciter des personnes à embrasser une vocation qui est de porter assistance à ses semblables? L’argent frais que le ministre s’apprête à injecter dans le «système» est probableme­nt une partie de la solution, mais ne viendra pas contrer un malaise qui m’apparaît plus profond. Jacques Hould Le 2 mars 2018

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