L’indépendance ne se fera pas à Ottawa
La promotion de l’indépendance aux Communes, sans mandat péquiste qui fait de même à l’Assemblée nationale, revient presque à essayer de convaincre les autres provinces de se joindre au Québec indépendant, plus qu’à essayer de travailler aux Communes pour les intérêts du Québec. C’est illogique, comme utiliser des ciseaux pour clouer une planche de bois. [...]
On le dit souvent, l’indépendance ne se fera pas à Ottawa et, justement, le Bloc ne peut pas faire de référendum, à moins d’obtenir le pouvoir à Ottawa (ce qui serait étrange). Si le Bloc met le cap sur l’indépendance dès aujourd’hui, malheureusement, il rongera son frein et dépensera des fonds sans qu’ils mènent à une victoire. [...]
Mettre le cap sur l’indépendance, oui, mais pas au Bloc. Son travail est celui d’être l’interlocuteur du Québec à Ottawa, advenant un référendum gagnant, et celui de dénoncer le fédéralisme (ce qui, à terme, revient à parler d’indépendance) dans son fonctionnement quotidien.
Par exemple : entre la campagne contre Énergie Est et la campagne «le Québec, mon pays», la première aura bien plus d’impact dans la vie de tous les jours du peuple. À long terme, c’est payant, ça crée un mouvement mobilisé contre les intérêts du Canada… Et que donne le fait d’être contre les intérêts du Canada ? L’indépendance, si on réussit à canaliser les énergies du mouvement.
De son côté, la campagne «Québec, mon pays» mène plus à une «folklorisation» du mouvement. Si on n’agit pas en même temps que cette campagne (ce que le BQ ne peut faire, étant donné ses pouvoirs limités), ça fera comme les ceintures fléchées; ça fera partie du décor et diminuera le mouvement à un groupe traditionnel peu menaçant. Un peu comme les Gaulois sont dépeints dans Astérix, ils résistent de façon caricaturale, mais la fin historique reste la domination romaine. Félix-Antoine Latour-Levasseur, candidat à la maîtrise en science politique à l’Université de Montréal Le 2 mars 2018