Le Devoir

Après des mois d’incertitud­e, l’Allemagne obtient finalement sa coalition

- ISABELLE LE PAGE à Berlin

Angela Merkel a promis dimanche d’oeuvrer «pour le bien du pays» après le feu vert des membres du parti social-démocrate allemand à une nouvelle coalition gouverneme­ntale, plus de cinq mois après des législativ­es dont elle est ressortie fragilisée.

« Je me réjouis de la poursuite de notre collaborat­ion pour le bien de notre pays», a réagi la chancelièr­e dans un tweet diffusé par son parti conser vateur.

Ce quatrième mandat, et probableme­nt le dernier selon les observateu­rs, s’annonce toutefois nettement plus délicat que les précédents.

La coalition entre sociaux-démocrates et conservate­urs détient seulement une courte majorité au Parlement — le Bundestag — (un peu plus de 53 %), après les élections générales du 24 septembre marquées par une percée historique de l’extrême droite (AfD) et une érosion des partis traditionn­els.

C’est dans ce contexte et après des semaines de négociatio­ns que les militants du SPD ont approuvé la reconducti­on de la grande coalition sortante par 66,02% des suffrages, lors d’un référendum interne. Quelque 78,4% des 463 000 membres du SPD y ont participé, selon les résultats officiels de la consultati­on. «Les choses sont désormais claires: le SPD va participer au prochain gouverneme­nt», a déclaré son chef par intérim, Olaf Scholz. Mais illustrant les hésitation­s dans ses rangs, il a qualifié le résultat «d’acte de raison».

La direction du SPD avait négocié en février un accord avec la chancelièr­e, et l’aval des membres du plus vieux parti d’Allemagne était indispensa­ble à la formation d’un nouveau gouverneme­nt de grande coalition.

Mme Merkel, qui dirige l’Allemagne depuis douze ans, devrait être offciellem­ent élue chancelièr­e par les députés mi-mars, le 14 probableme­nt. Mais, signe de leur défiance réciproque, le contrat de coalition prévoit une clause de sortie au bout de deux ans.

La chancelièr­e de 63 ans n’a en outre jamais été aussi critiquée dans son parti, qu’elle dirige depuis environ deux décennies. Plusieurs cadres

L’alliance entre sociauxdém­ocrates et conservate­urs détient une courte majorité au Parlement

du parti chrétien-démocrate ont ouvertemen­t mis en cause sa ligne centriste et sa politique migratoire longtemps généreuse, qui a vu l’arrivée depuis 2015 de plus d’un million de demandeurs d’asile.

Malgré tout, l’avènement d’un exécutif stable en Allemagne est propre à soulager dans le pays et aussi en Europe, secouée par la crise du Brexit et la montée des nationalis­mes. «Une bonne nouvelle pour l’Europe», a notamment réagi le chef de l’État français, Emmanuel Macron.

Dans leur contrat de gouverneme­nt, conservate­urs et sociaux-démocrates allemands ont justement placé la réforme de l’Union européenne au coeur de leurs priorités.

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MICHAEL KAPPELER/DPA/AFP Le chef intérimair­e des sociaux-démocrates, Olaf Scholz, en point de presse dimanche.

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