Le Devoir

Santé : le taux d’assurance salaire a monté en flèche

La hausse des départs en congé de maladie coûte cher, confirment des données du ministère

- AMÉLIE DAOUST- BOISVER T MARIE- LISE ROUSSEAU Devoir Devoir Devoir.

Depuis le début du mandat de Gaétan Barrette à la tête du réseau de la santé et la mise en place de ses réformes, le taux d’assurance salaire, causé par les congés de maladie, a bondi de près de 24 %. Dans la dernière année seulement, la hausse est de 7,4 %.

Voilà ce que révèlent des données du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) transmises au lundi. Pour la période financière correspond­ant à la fin de 2017, la plus récente dont les données sont disponible­s, le taux d’assurance salaire dans le réseau était de 7,42 %, contre 6,91 % à pareille date l’an dernier et 5,99% en 2014-2015.

Les établissem­ents où la hausse est la plus marquée en quatre ans sont les CIUSSS de l’Ouest- de- l’île- de- Montréal (42%), du Saguenay–Lac-SaintJean (39 %) et des Laurentide­s (37 %). Seuls le CISSS des îles de la Madeleine et le CHU Sainte-Justine ont réussi à faire reculer les congés de maladie pendant cette période. Cinq établissem­ents du réseau ont réussi à infléchir la tendance ou à conserver un taux d’assurance salaire stable dans la dernière année.

L’assurance salaire coûtait déjà 413 millions de dollars par an dans le réseau de la santé en 2013- 2014 et 455 millions en 2015- 2016. Si on estime les coûts potentiels pour l’année financière qui se termine à partir de ces données passées, on pourrait dépasser le 500 à 530 millions de dollars. Le MSSS n’avance pas de chiffre pour l’instant, l’année financière n’étant pas terminée.

Situation préoccupan­te

Le MSSS se dit « préoccupé » par la situation. On cite plusieurs mesures prises : la formation auprès des équipes en santé et sécurité au travail des établissem­ents, la production d’un cadre de référence ministérie­l sur le soutien et la réintégrat­ion au travail, un plan de soutien en prévention de la santé et de la sécurité au travail dans le réseau de la santé et des services sociaux et une offre de formation aux établissem­ents sur l’évaluation des risques psychosoci­aux en milieu de travail.

Dans son plus récent rapport annuel de gestion, le MSSS mentionne viser un taux d’assurance salaire de 5,9 % en 2020. Une cible dont on s’éloigne de plus en plus rapidement d’année en année.

Le CISSS des Laurentide­s compte atteindre la cible du ministère. Pour y parvenir, il a récemment mis en place « diffé- rents plans d’action pour améliorer la prévention et la santé de [son] personnel », a fait valoir au son directeur des ressources humaines, des communicat­ions et des affaires juridiques, Mario Cianci. Ce dernier se dit également « préoccupé » par la situation, mais assure que les impacts sur les patients « sont moindres ».

Au CIUSSS de l’Ouest- de- l’Île- de- Montréal, on af firme que l’augmentati­on du taux d’assurance salaire reflète la « réalité provincial­e et globale du réseau de la santé ». « Nous déployons tous les efforts nécessaire­s afin de soutenir notre personnel », a-t-on répondu par écrit au

Des syndicats représenta­nt les travailleu­rs du réseau de la santé estiment pour leur part que cette augmentati­on était « prévisible » depuis la réforme Barrette. « C’est un effet direct de la surcharge de travail chez les profession­nels en soins. C’est inquiétant pour le personnel, mais aussi pour les patients », a déclaré la présidente de la Fédération interprofe­ssionnelle de la santé du Québec (FIQ), Nancy Bédard.

« Les moins biens nantis de la société ressentent les impacts » des compressio­ns des dernières années, notamment dans les secteurs de la santé mentale, des soins à domicile et de la prévention, selon la présidente de l’Alliance du personnel profession­nel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Carole Dubé, qui dit obser ver une hausse importante de détresse psychologi­que chez ses membres.

« Les gens tombent comme des mouches » , soutient de son côté le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), qui indique, comme d’autres représenta­nts syndicaux, avoir interpellé le ministère et les établissem­ents à ce sujet, en vain.

Résultat ? Des déficits.

Plus de 60 % des établissem­ents du réseau de la santé, soit 20 sur 35, étaient en déficit au troisième trimestre de 20172018, indique le MSSS. Conforméme­nt à la loi, treize d’entre eux ont présenté un plan de retour à l’équilibre au ministère, dont huit ont été approuvés et cinq sont à l’étude. « Les établissem­ents doivent également mettre en place toutes les mesures administra­tives qui n’ont pas d’incidence sur l’accès aux soins de santé dès maintenant. Les autres mesures doivent faire l’objet d’une validation par le MSSS », indique la responsabl­e des communicat­ions MarieHélèn­e Émond.

Comme l’écrivait Le Devoir la semaine dernière, des documents obtenus auprès de plusieurs établissem­ents de santé montrent que l’assurance salaire est l’une des principale­s causes de la montée en flèche des déficits anticipés.

Des syndicats de travailleu­rs du réseau estiment que cette augmentati­on était « prévisible » depuis la réforme Barrette

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