Le Devoir

Jean-Marc Fournier tire sa révérence

- MARIE- MICHÈLE SIOUI Correspond­ante parlementa­ire à Québec

Le député de Saint-Laurent, ministre responsabl­e des Relations canadienne­s et leader parlementa­ire du gouverneme­nt, Jean- Marc Fournier, ne solliciter­a pas de nouveau mandat à l’élection d’octobre 2018 afin de laisser la place à « de nouveaux visages ».

Seul devant les médias, loin du premier ministre dont il est le bras droit, l’élu du nord de l’île de Montréal a dit céder sa place pour permettre à son parti d’incarner le « changement », au moment où il se relève difficilem­ent du fond historique de 19 % qu’il a atteint dans les sondages il y a quelques mois.

« Je ne fuis pas. Je suis convaincu qu’on va gagner les prochaines élections », s’est-il néanmoins défendu.

Pendant la campagne, JeanMarc Fournier restera très près du chef libéral, Philippe Couillard, puisqu’il fera partie du groupe de conseiller­s installés dans son autobus. Et son départ pourrait permettre au Parti libéral du Québec (PLQ) de présenter un candidat vedette dans le château for t qu’est Saint- Laurent. « C’est une possibilit­é, c’est vrai », a-til convenu. « Mais [il] revient à l’organisati­on du parti, et pas à moi, d’y répondre. »

À quelques reprises, le ministre a misé sur l’importance de recruter de « nouveaux visages » au sein du PLQ. « Il est clair que la question du changement est une question aujourd’hui, et je crois que le PLQ est encore celui qui peut le mieux l’offrir avec de nouveaux visages », a-t-il affirmé.

L’élu libéral a refusé de parler d’un « exode » au sein de son équipe. Il est devenu lundi le deuxième ministre à annoncer son départ de la politique, après Stéphanie Vallée. Au total, cinq députés libéraux ont choisi de ne pas se représente­r à l’élection d’octobre, tandis que huit autres, dont deux ministres, sont toujours « en réflexion ».

« Je ne fuis pas. Je suis convaincu qu’on va gagner les prochaines élections. Jean-Marc Fournier »

Sa décision, a- t- il expliqué, est due au sentiment d’avoir « fait le tour » après plus de 20 ans de politique active.

De 1988 à 2018

Avocat de formation, JeanMarc Fournier a fait sa toute première incursion politique en 1988, quand il a tenté — sans succès — de se faire élire sous la bannière du Parti libéral du Canada dans la circonscri­ption de Châteaugua­y.

Il est entré à l’Assemblée nationale en 1990 à titre de conseiller, pour accompagne­r les élus libéraux qui participai­ent à la commission Bélanger- Campeau, dans le climat tendu d’après- Meech. Il devait rester « deux mois », a-t-il rappelé.

Quatre ans plus tard, en 1994, il est retourné à l’Assemblée nationale par la grande porte, élu avec une majorité de près de 2000 voix dans Châteaugua­y. Il a été à la tête de six ministères, en plus d’être ministre responsabl­e de la Montérégie. Il a quitté la politique brièvement, entre 2008 et 2010, année de sa réélection à la partielle de Saint-Laurent.

Cette courte absence de la vie politique lui a permis d’empocher une indemnité de départ. Il recevra à nouveau cette allocation — qui équivaut grosso modo à son salaire actuel de 164 197 $ — une fois l’élection d’octobre 2018 terminée. « Ce n’est pas parce que j’ai été ici pendant 14 ans, que j’avais ce droit-là [et] que je serai ici ensuite pendant huit ans, que je n’y ai plus droit », a-t-il justifié.

Des rumeurs depuis septembre

Jean- Marc Fournier a évoqué son désir de renoncer à la vie politique pour la première fois au mois de septembre. Il s’était alors présenté devant la presse, l’air décontenan­cé, pour réfuter des allégation­s de trafic d’influence le concernant. Cet épisode a « fait partie de la réflexion », mais il n’a pas été un « élément majeur » dans sa décision, a-t-il assuré lundi.

En juin, Jean-Marc Fournier s’est vu confier le dossier de l’of fensive constituti­onnelle tranquille du gouverneme­nt Couillard. Il s’est depuis attelé à faire la promotion de la Politique d’affirmatio­n du Québec et de relations canadienne­s au Québec et dans le reste du Canada. Vingt- sept ans après avoir produit une maîtrise critiquant la formule d’amendement de la Constituti­on de Pierre Elliott Trudeau, il estime donc… que la « boucle est bouclée ».

 ?? JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE ?? Jean-Marc Fournier a été élu pour la première fois en 1994 dans Châteaugua­y.
JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE Jean-Marc Fournier a été élu pour la première fois en 1994 dans Châteaugua­y.

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