Le Devoir

Critiqué par des clients, le Canadien National change de président

- JULIEN ARSENAULT

Visé par de nombreuses critiques en raison d’une détériorat­ion de son service au cours des derniers mois, le Canadien National a décidé de changer de voie en montrant la porte à son président-directeur général.

Aux commandes depuis moins de deux ans, Luc Jobin est remplacé de façon intérimair­e par l’actuel vice- président directeur Jean- Jacques Ruest, âgé de 62 ans et qui compte 22 ans de service, jusqu’à ce qu’un successeur permanent entre en fonction. « Le conseil [d’administra­tion] est d’avis que la compagnie a besoin d’un dirigeant en mesure de dynamiser l’équipe, de concrétise­r la vision d’entreprise du CN et de faire progresser la compagnie avec la rapidité et la déterminat­ion propres au CN », a souligné le président du conseil, Robert Pace, lundi, par voie de communiqué. « M. Ruest est bien connu des clients et des investisse­urs, et bien placé pour amener la compagnie à relever rapidement les défis opérationn­els pendant la transition » , a fait valoir M. Pace, disant être conscient des défis à relever.

Le prochain patron

La plus importante société ferroviair­e au pays a déjà mis en avant un processus internatio­nal afin de recruter son prochain grand patron. Embauché par la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada en 2009, M. Jobin était chef de la direction financière avant d’être nommé à la tête de l’entreprise en 2016, à la suite du départ de Claude Mongeau pour des raisons de santé.

Le CN s’est attiré les foudres de plusieurs de ses clients au cours des der nières semaines, dont des producteur­s céréaliers situés dans la région des Prairies. Des représenta­nts de la Fédération canadienne de l’agricultur­e avaient même convergé vers le Parlement à Ottawa, la semaine dernière, pour dénoncer ce qu’ils estiment être une dégradatio­n du service ferroviair­e.

Les agriculteu­rs de l’Ouest canadien, qui sont payés une fois que les céréales ont été livrées, ont demandé au gouverneme­nt Trudeau de prendre des mesures pour éviter une crise comme celle survenue en 2013-2014, lorsque des fermiers ont perdu des milliards de dollars en raison de l’incapacité des compagnies ferroviair­es à transporte­r rapidement leurs récoltes. Selon la Fédération, à la mi- février, le CN n’avait fourni que 17% des wagons commandés par les compagnies céréalière­s.

Récemment, le CN et le Canadien Pacifique ont reconnu que les conditions météorolog­iques particuliè­rement difficiles de l’hiver avaient compliqué le transport de marchandis­es, ce qui s’est reflété sur la qualité de leur service. Le directeur financier du CN, Ghislain Houle, avait expliqué, lors d’une conférence d’investisse­urs, que les activités du CN avaient été limitées à environ trois jours sur quatre pen- dant le premier trimestre, parce que la longueur des trains a dû être réduite de plus de moitié, ce qui a diminué sa capacité. Au quatrième trimestre, le ratio d’exploitati­on du CN — une mesure de son efficacité — s’était notamment détérioré de près de quatre points de pourcentag­e, s’établissan­t à 60,4 %.

Pour répondre à la demande croissance, la société ferroviair­e recrute et s’attend à pouvoir compter sur 400 chefs de train de plus au premier trimestre. De plus, ses dépenses en immobilisa­tions devraient atteindre 3,2 milliards en 2018, un niveau record.

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MARK TAYLOR LA PRESSE CANADIENNE Le président-directeur général qui a été remercié, Luc Jobin, lors de l’assemblée générale du CN à Regina en 2017

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