Zidane revient la tête haute
C’est à titre d’entraîneur du Real Madrid que le roi effectue son retour en France, 12 ans après son dernier match comme joueur
Du
maillot bleu au banc du Parc des Princes, le roi revient enfin: douze ans après son dernier match officiel, Zinedine Zidane revient pour la première fois en France, dans sa capitale plus précisément, dans la peau d’entraîneur du Real Madrid, à l’occasion du match de la Ligue des champions entre son club et le Paris Saint-Germain, mardi. Cette reconversion au succès éclatant était pourtant sujette à caution au départ.
Son dernier match dans l’Hexagone remonte au 27 mai 2006, au Stade de France, en amical contre le Mexique, juste avant l’épopée du Mondial puis le « coup de boule » fatal en finale, clap de fin d’une carrière de joueur époustouflante.
« C’est toujours un plaisir de revenir en France, en plus, je ne viens pas souvent », commente l’intéressé, la boutade au bout des lèvres: « On est à Paris ici, moi, je suis Marseillais! »
Qui aurait cru, il y a douze ans, que « Zizou » gagnerait deux Ligue des champions avec Madrid comme entraîneur ? Très peu de monde, suivant l’adage voulant qu’un grand joueur devienne rarement un grand entraîneur.
Sauf ceux qui ont connu « Yazid » — son vrai prénom — avant l’émergence de « Zinedine ». « “Yaz”, quand il finit sa carrière, jamais on n’aurait pu dire qu’il voudrait devenir entraîneur, ce n’était pas son truc », confie à l’AFP Guy Lacombe, l’homme qui l’a fait éclore au centre de formation de l’AS Cannes à la fin des années 1980… avant de devenir son formateur au métier d’entraîneur près de 30 plus tard.
« Mais ça devient évident si l’on regarde ce qu’il était en tant que joueur, un gars qui donnait, qui savait transmettre aux autres. Yazid était un joueur d’équipe, peut-être le meilleur joueur d’équipe de tous les temps. Or le rôle majeur d’un entraîneur est que ses onze joueurs ne fassent qu’un », nuance-t-il.
S’il « s’intéressait beaucoup aux exercices à l’entraînement, venait même poser des questions sur tel ou tel système de jeu, et avait des idées spécialement sur des coups de pied arrêtés » comme l’a con - firmé à l’AFP son ancien entraîneur à Bordeaux ( 1996) Gernot Rohr, l’ancien meneur de jeu s’est plutôt tourné dans un premier temps vers une carrière de dirigeant. Et à la suite du départ de Jorge Valdano en juillet 2011, il est devenu le nouveau directeur sportif du Real Madrid à la demande du président Florentino Pérez.
D’adjoint de Carlo Ancelotti lors de la « Decima » du Real en 2014, il passe no 1 de la réserve la saison suivante pour faire ses armes. « Il a passé ses examens d’entraîneur comme tout le monde et puis, surtout, et ce qui est remarquable pour un homme aussi connu et représentatif, il a pris l’équipe du Castilla, en 3e division. Très peu de personnes de son niveau font ce genre de choses », souligne Lacombe, persuadé que « c’est cela qui lui a permis d’être aussi performant », une fois devenu coach du Real en janvier 2016.
Au- delà de ses innovations tactiques, l’entraîneur Zidane a rapidement impressionné par sa capacité à transformer un groupe en perte de confiance sur le plan mental en machine à gagner. « Quand il délivre ses convictions aux joueurs, il sait de quoi il parle, c’est sûr, mais il le dit avec finesse psychologique. Il fait beaucoup d’entretiens, c’est quelqu’un qui a un
management de joueur », confirme Lacombe.
Son succès tient-il uniquement à son « génie psychologique » plutôt qu’à sa science tactique? « Il a fait un bon mélange du jeu espagnol et du réalisme un peu italien, avec cette créativité française dont il est quand même un [représentant]. Et surtout, il fait attention aux joueurs qu’il a pour être capable de changer d’organisations », ajoute l’ancien entraîneur du… PSG.