Le Devoir

Radio-Canada : plus de CD à céder et pas de vinyles détruits

- PHILIPPE PAPINEAU

En combinant ses archives numériques avec celles de la CBC torontoise, RadioCanad­a pourrait être capable d’ajouter un nombre important de disques compacts à la liste de ses oeuvres qui pourront légalement être confiées à un organisme intéressé. La société d’État, qui pourrait pilonner la version physique de 150 000 CD dématérial­isés, assure par ailleurs qu’elle ne détruira aucun disque de sa collection de vinyles.

« Les CD déjà dématérial­isés par CBC à Toronto et que RadioCanad­a n’aura pas à dématérial­iser viendront s’ajouter aux 56 000 doublons qui feront l’objet d’un appel d’intérêt par RadioCanad­a », a confirmé au Devoir Marie Tétreault, chef de la promotion Informatio­n Télévision. Le nombre exact de disques ainsi sauvés sera précisé à la fin de l’exercice, mais des sources évoquent quelques dizaines de milliers d’exemplaire­s.

La destructio­n éventuelle des CD du diffuseur public, faite dans le cadre de son déménageme­nt en 2020 dans des locaux 40% plus petits, est justifiée par Radio-Canada par la Loi sur le droit d’auteur. Celle-ci, juge-t-il, l’empêche de confier à un tiers la copie originale physique des disques dématérial­isés sans devoir en libérer les droits.

Mais en considéran­t les archives numériques de CBC et de Radio- Canada comme une seule grande base de données, cela permettrai­t au personnel de la grande tour montréalai­se de ne pas avoir à importer sur les serveurs les oeuvres déjà présentes en version dématérial­isée à Toronto. Et par le fait même d’en éviter la destructio­n.

« On est en train de faire le tri, dit Marc Pichette, premier directeur, relations publiques et promotion à Radio-Canada. Oui, ça pourrait bonifier l’inventaire de doublons. » Il refuse toutefois d’en estimer tout de suite la quantité.

Cette approche globale semble nouvelle par rapport à ce qui avait été annoncé dans les derniers jours par le diffuseur. « Le gros des calculs a été fait, mais il y a des tris qui continuent à se faire, c’est un processus qui est vivant, et il se poursuit actuelleme­nt » , explique M. Pichette. Ce dernier, comme Mme Tétreault, fait partie du Comité de gestion du patrimoine de Radio-Canada.

Détruire ou libérer ?

La collection totale de disques compacts s’élève à 210 000 albums, dont 56 000 possédés en plusieurs exemplaire­s, et qui ne sont donc pas régis par les règles sur la reproducti­on.

« Tout le monde parle de destructio­n et pas grand monde parle de conser vation » , déplore Marc Pichette, rappelant que toute la collection de CD de Radio- Canada — musique et pochettes — sera à terme dématérial­isée et accessible pour les différente­s production­s.

Quant à la libération des droits, elle aurait pris « de nombreuses années à négocier [avec notre] inventaire qui est majoritair­ement internatio­nal, dit M. Pichette. On parle d’un travail qui est complexe, colossal et extrêmemen­t coûteux. » Le coût de destructio­n de manière écologique des copies physiques des CD, quant à elle, serait bien inférieur à 100 000$, dit-il, refusant d’estimer les coûts, un appel d’offres étant actuelleme­nt ouvert.

« On a pris les pistes les plus logiques en matière de gestion devant la situation à laquelle on faisait face », conclut-il.

Pas de vinyles détruits

Dans les prochains mois, Radio- Canada fera un appel d’intérêt pour confier sa collection de quelque 270 000 vinyles à un organisme désireux de les conserver tout en laissant au diffuseur un accès au contenu.

Du lot, seulement 2000 vinyles ont été numérisés au fil des années. Ceux-ci ne pourront donc être cédés aux yeux de la Loi sur le droit d’auteur, mais Marie Tétreault assure toutefois qu’ils ne seront pas détruits. « Ils vont être conservés. Je ne peux pas dire où, mais Radio- Canada va les conserver. » Elle affirme aussi que le vinyle, comme matériau, se conser ve beaucoup plus longtemps que le CD, « qui n’a pas une durée de vie illimitée ».

La société d’État a par ailleurs fermé son appel d’intérêt pour ses partitions commercial­es. Le processus d’évaluation des propositio­ns est en cours.

Newspapers in French

Newspapers from Canada