Le Devoir

Élections Viser la parité dans les candidatur­es

Un outil pour mesurer l’engagement des partis à présenter plus de candidates

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ Avec la collaborat­ion de Dave Noël

Le Devoir lance ce jeudi «Vigie parité», un projet qui durera jusqu’au début de la campagne électorale sur nos plateforme­s numériques. Il mesurera de semaine en semaine où en sont les partis politiques par rapport à leur intention de recruter plus de femmes. Premiers constats.

Il y a un engagement préélector­al que les quatre partis présents à l’Assemblée nationale partagent: augmenter le nombre de candidates aux prochaines élections, si possible pour atteindre la «zone de parité» — soit minimaleme­nt 40% de femmes. À l’heure d’un premier décompte parmi les candidats officielle­ment nommés, deux partis passent ce test: la Coalition avenir Québec (CAQ) et Québec solidaire (QS).

Présenteme­nt, 7 des 16 candidats nommés par la CAQ sont des femmes, soit 43,7 % du total. À QS, on compte à ce jour quatre candidates et un candidat (80%). Le Parti libéral du Québec (PLQ) a 6 candidates sur 18 (le tiers), alors que le Parti québécois (PQ) en a 5 sur 16 (31,2%).

Bien sûr, les nomination­s des candidats se font selon des calendrier­s et des processus différents d’un parti à l’autre, et les résultats varieront beaucoup d’ici l’automne: mais c’est là un point de départ, alors que les partis ont choisi environ 10% de tous leurs candidats.

Pourquoi un seuil de parité à 40% (ce qui donnerait 50 candidates)? Dans un avis remis au gouverneme­nt en 2015, le Conseil du statut de la femme recommanda­it de fixer à au moins 40% la proportion de candidatur­es féminines. Le Comité des femmes de l’Amicale des anciens parlementa­ires

propose pour sa part d’en faire un seuil obligatoir­e.

Le Groupe Femmes, Politique et Démocratie (GFPD) estime plutôt qu’il faut 50 % de candidates pour espérer atteindre la zone de parité chez les élus.

Faible présence des femmes

La question de la faible présence des femmes en politique revient fréquemmen­t dans le débat public. À Québec, on compte présenteme­nt 29,6% d’élues — un reflet du portrait des candidatur­es de la campagne 2014: le PLQ comptait 26% de candidates, devant la CAQ (23 %) mais derrière le PQ (39%) et QS (50%).

Depuis — et alors que le gouverneme­nt fédéral présente un cabinet paritaire —, tous les chefs ont fait des promesses pour améliorer leur bilan.

Parti libéral. En juin 2017, Philippe Couillard s’est engagé à faire avancer son parti «le plus possible dans la zone de parité» pour les candidatur­es aux élections de l’automne. Le chef libéral a demandé aux militants de s’engager à faire en sorte qu’il y ait au moins 40 % de candidates.

Parti québécois. Au Sommet des femmes organisé en mars 2016, le chef Jean-François Lisée a indiqué que le parti «s’efforcera d’atteindre une zone de parité dans [ses] candidatur­es», tout en promettant un gouverneme­nt paritaire. La vicechef, Véronique Hivon, a réitéré cet objectif à la fin de février 2018.

François Legault avait indiqué lors de ce même Sommet des femmes son souhait de « percer le boys’ club qu’est l’Assemblée nationale». Son «plan concret de réforme pour faire avancer l’égalité» implique d’abord une réforme du mode de scrutin pour «une meilleure représenta­tivité», prémisse à un quota de 50% de candidates sur les listes des parités. Dans l’immédiat,

Québec solidaire. Québec solidaire a respecté le principe de la parité hommes-femmes (50 %) dans ses candidatur­es dans chacune des quatre dernières élections. Le programme du parti prévoit une modificati­on à la Loi électorale pour obliger la parité dans les candidatur­es électorale­s et au sein du Conseil des ministres.

Selon Esther Lapointe, directrice générale de GFPD, «il y a une réelle volonté cette année» de la part des partis politiques de recruter plus de candidates. « C’est peut-être dans l’air du temps, dit-elle. Mais l’élection de Valérie Plante à la mairie de Montréal a déclenché quelque chose. Et l’élection de Geneviève Guilbault pour la CAQ dans Louis-Hébert a aussi envoyé un message fort: une jeune femme, enceinte, qui gagne, ç’a été comme une révélation », croit-elle.

Reste que ce combat est loin d’être gagné, ajoute Mme Lapointe. «Le problème actuel, ce sont les candidats sortants. Pour faire plus de place aux femmes, il faut que des hommes ne se représente­nt pas. Ça demande du courage politique aux partis [de demander à certains élus de ne pas se représente­r]. »

Et même si les partis nomment plus de femmes cette année, il faudra aussi voir leurs réelles chances de victoire selon les circonscri­ptions, note-t-elle. «C’est un autre enjeu fondamenta­l. »

Coalition avenir Québec.

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