Projet de refuge pour itinérants alcooliques à Montréal
La mairesse Valérie Plante dévoile le Plan d’action montréalais en itinérance 2018-2020
Des itinérants alcooliques pourraient bientôt bénéficier d’une ressource d’accueil leur permettant de boire dans un environnement contrôlé à Montréal.
Des centaines de sans-abri souffrant d’une dépendance à l’alcool continuent de dormir dans les rues de la métropole, faute de ressources pouvant accueillir les personnes intoxiquées, selon la Ville.
Après avoir rencontré une centaine de personnes de la rue l’été dernier, la métropole n’a eu d’autre choix que d’admettre que des services s’adressant spécifiquement aux itinérants alcooliques étaient devenus nécessaires.
La Ville souhaite donc lancer en 2019 un projet-pilote de ressource d’accueil « avec consommation contrôlée» — aussi appelée « wet services » ou « wet shelter » — s’adressant spécifiquement à ce type de clientèle.
L’objectif de ces ressources ne sera pas de faire cesser la consommation, mais plutôt d’aider ces personnes itinérantes «à contrôler et à réduire la consommation pour qu’elles puissent au moins être fonctionnelles, et surtout, être ailleurs que dans la rue», indique le commissaire aux personnes en situation d’itinérance à la Ville de Montréal, Serge Lareault.
Ce projet, dont les détails seront révélés dans les prochaines semaines, s’inscrit dans le Plan d’action montréalais en itinérance 2018-2020 présenté mercredi par la mairesse Valérie Plante.
«Il y a des clientèles qui ne vont pas dans les refuges, note M. Lareault. On a fait des entrevues dans les parcs, dans les espaces publics avec eux et la grande majorité nous ont dit que c’était la toxicomanie, l’alcoolisme, les troubles de santé mentale qui font qu’ils ne peuvent être enfermés pendant 10 heures dans un refuge. Ils ont besoin d’un lieu adapté à leur condition. »
La responsable du développement social et communautaire et de l’itinérance au comité exécutif de la Ville de Montréal, Rosannie Filato, explique qu’un projet est déjà en chantier, en collaboration avec le CIUSSS du Centre-Sud-del’Île-de-Montréal, afin de déterminer la nature des besoins dans ce domaine.
On étudie notamment les différents modèles déjà proposés ailleurs au Canada, plus précisément à Ottawa et à Toronto.
Des propositions semblables existent également en Australie, à Manchester et à Seattle, souligne la Ville.
« On sait que les wet services, les wet shelters ont des effets positifs. On a vu le lien, il y a moins de visites à l’hôpital, par exemple, il y a moins d’interventions de la part du SPVM, il y a moins de journées en refuge, donc ça a des effets positifs. C’est la raison pour laquelle
on va avoir un projet-pilote d’ici 2019, c’est certain, puis on va voir si on a un besoin au-delà du projet-pilote», précise Mme Filato
La responsable ne pouvait pour le moment confirmer si la ressource montréalaise fournira de l’alcool aux itinérants alcooliques, comme on le fait ailleurs.
Inspiré par Ottawa
Du côté de l’Accueil Bonneau, qui offre des services aux itinérants, mais où les personnes intoxiquées ne peuvent avoir accès aux lits, on s’est montré ravi par cette proposition de la Ville.
«C’est une clientèle qui est laissée à elle-même dans les espaces publics et qui a de grands besoins. Ces gens-là ne paieront pas un loyer parce que leur priorité, c’est la consommation d’alcool. Le problème de dépendance est
trop fort. On a besoin d’adapter des services pour les soutenir, mais l’idée, c’est d’avoir un encadrement de la consommation d’alcool, un encadrement au niveau médical», estime Aubin Boudreau, directeur général de l’Accueil Bonneau, où avait lieu la conférence de presse de Valérie Plante et son équipe.
M. Boudreau s’est dit «séduit et charmé» par le refuge offrant la consommation d’alcool contrôlée qu’il a visité à Ottawa et croit que Montréal devrait s’en inspirer.
Son équipe est d’ailleurs en discussion avec celle de la Mission Old Brewery afin de déterminer quel genre de modèle pourrait convenir à Montréal et de quelle façon ces deux organismes pourront s’impliquer dans le développement de ces ser vices.