Le Devoir

Laval et Montréal règlent à l’amiable un contentieu­x avec Hexagone

- JESSICA NADEAU

Bien qu’elles estiment avoir été flouées par l’entreprene­ur Tony Accurso et ses compagnies affiliées pour plusieurs dizaines de millions de dollars, les villes de Montréal et de Laval devront payer respective­ment 4 et 5 millions au groupe Hexagone, qui a racheté l’empire d’Accurso.

Ces sommes sont le résultat d’une entente à l’amiable qui a été conclue ces derniers jours après plusieurs mois de négociatio­n.

Et bien que les villes doivent décaisser des sommes importante­s, il s’agit, pour elles, d’une certaine forme de victoire, car elles récupèrent malgré tout plusieurs millions de dollars au terme de cette entente.

Dans un communiqué de presse diffusé en soirée, la Ville de Laval se disait même «heureuse» de la situation, affirmant qu’elle «récupère 4,5 millions du groupe Hexagone dans le cadre des sommes injustemen­t détournées».

Factures impayées

Le litige remonte à plusieurs années, alors que les compagnies de Tony Accurso réalisaien­t des contrats pour les villes de Montréal et de Laval. À la suite des révélation­s de la commission Charbonnea­u sur la collusion et la corruption dans le milieu de la constructi­on, les villes ont décidé de suspendre leur paiement à ces entreprise­s, qui avaient été rachetées entretemps par le groupe Hexagone.

Les villes disaient alors avoir de bonnes raisons de croire que les factures avaient été gonflées à la suite de manoeuvres frauduleus­es. Elles estimaient que c’était plutôt l’entreprise qui leur devait de l’argent et refusaient donc de payer leurs comptes.

Dans le cas de Laval, la facture s’élevait à 9,5 millions de dollars. À Montréal, c’était 12,8 millions.

Le groupe Hexagone, qui a toujours dit n’avoir rien à se reprocher et être «une entreprise entièremen­t indépendan­te du groupe Accurso», réclamait donc le paiement des factures en souffrance. Ces demandes avaient été contestées par les Villes.

Récupérer l’argent

Dans le cas de la Ville de Montréal, on avait même annoncé l’intention de déposer une poursuite de 40 millions contre Hexagone, puisque la ville considérai­t que la nouvelle compagnie était la continuité des entreprise­s de Tony Accurso, qui l’aurait flouée. Cette poursuite n’a toutefois pas été déposée, selon nos informatio­ns.

Les deux municipali­tés ont exploré différents autres scénarios pour récupérer une partie de l’argent. Toutes ces démarches ont été menées en marge des négociatio­ns qui avaient cours entre les villes de Montréal et de Laval et Hexagone.

Au terme de huit mois de négociatio­ns, les parties en sont donc venues à une entente, qui a été entérinée par le juge Brian Riordan de la Cour supérieure mercredi.

Ainsi, la Ville de Montréal paiera 4 millions sur les 12,8 millions qui lui étaient réclamés et Laval devra débourser 5 millions sur une facture de 9,5 millions.

Le contrôleur de Pricewater­houseCoope­rs, Christian Bourque, qui agit dans le cadre de la Loi sur les arrangemen­ts avec les créanciers des compagnies, s’est dit satisfait de l’entente. «Dans les circonstan­ces, c’est un règlement dont je suis très satisfait », a résumé le contrôleur.

Il affirme que l’entente, qui vient «régler l’ensemble des dossiers», comporte plusieurs «avantages», dont «l’éliminatio­n des réclamatio­ns des villes en vertu de la loi 26, qui étaient de l’ordre de 77 millions», de même que «l’éliminatio­n des délais et des frais juridiques» qui auraient résulté de ces procédures qui auraient dû être enclenchée­s par les villes.

L’avocate de la Ville de Montréal, Me Eleni Yiannakis, a toutefois tenu à préciser devant le juge que cette quittance ne touchait que le groupe Hexagone et ne s’étendait pas à Tony Accurso, à ses anciennes compagnies Simard Beaudry et Constructi­on Louisbourg ni à leurs dirigeants.

Dans une réponse envoyée par courriel, Hexagone a répété que la compagnie avait «toujours respecté toutes les lois» et qu’elle était «entièremen­t indépendan­te du groupe Accurso».

«L’entente intervenue entre Hexagone et les villes de Montréal et de Laval ne constitue d’aucune manière une reconnaiss­ance de la part d’Hexagone d’une quelconque participat­ion à quelque stratagème malhonnête que ce soit », ajoute-t-on.

Les parties se reverront en cour le 23 mars prochain pour discuter des modalités de paiement, ce qui permettra au groupe de s’affranchir de certains autres créanciers.

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