Le Devoir

La Banque du Canada maintient son taux

L’institutio­n évoque une incertitud­e « grandissan­te »

- ANDY BLATCHFORD à Ottawa

La Banque du Canada a laissé son taux d’intérêt directeur inchangé, mercredi, en soulignant le climat d’incertitud­e de plus en plus important qui entoure le secteur du commerce.

En expliquant les raisons qui l’ont convaincue de laisser son taux de référence à 1,25%, la banque centrale a noté que les récents développem­ents dans les politiques commercial­es avaient noirci les nuages qui surplomben­t les perspectiv­es des économies canadienne et mondiale.

Le président américain, Donald Trump, a récemment ajouté des menaces de tarifs sur les importatio­ns d’acier et d’aluminium à un contexte déjà marqué par l’incertitud­e pour le Canada — notamment en raison de la renégociat­ion de l’Accord de libre-échange nordaméric­ain (ALENA) et des craintes sur la compétitiv­ité depuis la baisse d’impôts consentie aux entreprise­s au sud de la frontière. «L’évolution de la situation concernant les politiques commercial­es constitue une source d’incertitud­e importante et grandissan­te pour les perspectiv­es des économies mondiale et canadienne», a expliqué la banque dans son communiqué de mercredi.

La Banque du Canada a aussi noté que la croissance économique du quatrième trimestre avait été plus faible que prévu, essentiell­ement en raison des plus fortes importatio­ns, et qu’elle évaluait toujours l’incidence de nouvelles politiques — notamment un resserreme­nt des règles sur les prêts hypothécai­res — sur les marchés immobilier­s. Mais elle a aussi indiqué que la croissance mondiale demeurait «solide et généralisé­e», que l’économie tournait «à un niveau proche de sa capacité», que l’inflation était près de sa cible et que la croissance des salaires s’était raffermie, mais qu’elle restait plus faible qu’elle ne le devrait. Pour les États-Unis, la Banque du Canada s’attend à ce que les nouvelles dépenses publiques et les réductions d’impôt stimulent la croissance en 2018 et en 2019.

Les observateu­rs s’attendaien­t généraleme­nt à ce que le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, maintienne le taux directeur à son niveau actuel en raison des plus faibles données économique­s récemment dévoilées et de l’accroissem­ent de l’incertitud­e. M. Poloz a haussé les taux d’intérêt à trois reprises depuis l’été dernier, dont la plus récente hausse, réalisée en janvier. Ces décisions étaient attribuabl­es à la solide performanc­e de l’économie canadienne depuis la fin de l’année 2016.

Plus tôt en mars, M. Poloz a noté, dans un discours, que les dirigeants de banques centrales avaient eu à tenir compte d’un contexte d’incertitud­e accrue. «L’incertitud­e fait partie des axes de notre réflexion depuis que la crise financière mondiale a mis en évidence les limites de nos modèles et de nos connaissan­ces», a affirmé M. Poloz dans un discours livré à Londres, où il acceptait le prix de la banque centrale de l’année au nom de la Banque du Canada. «Parce que de profondes incertitud­es sont partout présentes, nous nous sommes mis à présenter la formulatio­n de la politique monétaire non pas comme de la mécanique de précision, ainsi que certains pouvaient le penser, mais comme une démarche de gestion des risques.»

Mercredi, la banque centrale a répété que de nouvelles hausses des taux d’intérêt seraient à l’avenir requises, mais que son conseil de direction resterait prudent dans ses prochaines décisions.

Dans son étude des données canadienne­s sur le logement, la banque a indiqué que la reprise de la fin 2017 avait été suivie de plus faibles résultats depuis le début de l’année. Cela permet de croire qu’il y a eu «un certain devancemen­t de la demande avant l’entrée en vigueur des nouvelles lignes directrice­s portant sur les prêts hypothécai­res et d’autres mesures de politique», a affirmé l’institutio­n.

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ADRIAN WYLD LA PRESSE CANADIENNE Les taux d’intérêt ont été haussés à trois reprises depuis l’été dernier. La plus récente hausse a été réalisée en janvier.

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