Le Devoir

L’archevêque Romero sera bientôt canonisé

- CATHERINE MARCIANO à la Cité du Vatican

L’archevêque salvadorie­n Oscar Romero, grand défenseur des pauvres devenu une véritable légende en Amérique latine après son assassinat en 1980, va être proclamé saint, a annoncé mercredi le Vatican.

Décrit comme un homme simple et proche du peuple, Oscar Romero, né en 1917, avait pris la défense des paysans sans terre, suscitant les foudres des milieux les plus conservate­urs du Salvador: il avait été assassiné en pleine messe le 24 mars 1980.

Adepte de la théologie de la libération et surnommé «la Voix des sans-voix» pour son dévouement envers les plus démunis, Mgr Romero a été tué par un commando d’extrême droite au début de la guerre civile (1980-1992). Ce conflit a fait 75 000 morts et au moins 7000 disparus, paralysé l’économie et poussé trois millions de Salvadorie­ns à émigrer.

L’assassinat avait été commandité par le défunt fondateur de l’Alliance républicai­ne nationalis­te (Arena), Roberto d’Aubuisson, selon un rapport de la «commission de la vérité » publié par l’ONU.

Béatificat­ion en 2015

Les milieux conservate­urs ont longtemps bloqué toute reconnaiss­ance officielle de l’Église envers l’archevêque des pauvres. Mais deux ans après l’élection de François, premier pape d’Amérique latine, le Vatican a reconnu le «martyr» de Mgr Romero, ouvrant la voie à sa béatificat­ion en mai 2015 devant plus de 200 000 fidèles à San Salvador.

Des délégation­s de 57 pays et quatre présidents latinoamér­icains avaient assisté à sa béatificat­ion. Cette reconnaiss­ance avait été vécue comme une fête dans le petit pays d’Amérique centrale, où le message d’Oscar Romero reste d’une grande actualité, près de 30 % des Salvadorie­ns vivant sous le seuil de pauvreté.

Le pape argentin François a exprimé à plusieurs reprises sa proximité avec ce prélat plutôt conservate­ur mais qui défendait les plus pauvres, rappelant aussi qu’il avait été «diffamé», «traîné dans la boue», «lapidé» par certains évêques et prêtres latino-américains, avant et après sa mort. L’archevêque avait été accusé d’être un «déséquilib­ré» et «un marxiste».

Un décret signé mardi a reconnu un miracle attribué à l’intercessi­on de cette figure de l’Église de la fin du Xe siècle, dernière étape avant une canonisati­on dont la date n’a pas été précisée.

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