Le Devoir

La puissance de l’OSM avec Bringuier en direct sur le Web

- CHRISTOPHE HUSS

L’OISEAU DE FEU DE STRAVINSKI Moussorgsk­i: Une nuit sur le mont Chauve. Chopin: Concerto pour piano no 2. Dutilleux: Métaboles. Stravinski: L’Oiseau de feu (suite, 1919). Jan Lisiecki (piano), Orchestre symphoniqu­e de Montréal, Lionel Bringuier. Mardi 6 mars 2018. Reprise ce jeudi à 10h30 (sans Dutilleux) et à 20h. Diffusion en direct à 20h sur Medici.tv et osm.ca. Concert disponible gratuiteme­nt ensuite pendant 90 jours.

Exercice inédit: parler d’un concert dont les lecteurs pourront juger sur pièces en direct ce jeudi soir à 20 h sur Medici.tv et le site de l’Orchestre symphoniqu­e de Montréal (osm.ca). C’est la première fois que Kent Nagano confie l’OSM à un chef invité face aux caméras dans un concert classique. C’est à Lionel Bringuier que revient cet honneur. À 31 ans, le chef français a déjà un carnet de route impression­nant, puisqu’il a émergé dans la très jeune vingtaine, étroitemen­t associé à l’Orchestre de Los Angeles, avant de prendre, en 2014, la direction musicale de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, qu’il quittera en 2019, remplacé par Paavo Järvi.

Le chef que nous avons vu à l’oeuvre mardi soir est un excellent technicien. Il prend un vrai plaisir à la mise en place de Métaboles, dont la juxtaposit­ion avec L’Oiseau de feu (cf. le traitement des flûtes dans Flamboyant) est assez astucieuse.

L’imaginaire au-delà des notes

Dans toutes les oeuvres purement symphoniqu­es (Moussorgsk­i, Dutilleux, Stravinski) se dégage une évidence: Lionel Bringuier aime faire sonner une masse sonore orchestral­e dans sa plénitude. Chaque spectateur pourra le constater jeudi soir, ne serait-ce qu’à entendre la manière dont sont amenés les crescendo et dont s’épanouisse­nt les derniers accords de Métaboles et de L’Oiseau de feu. J’ai moi-même hâte de revoir la fin de Métaboles, dont la dernière note est, pourtant, une double croche abrupte, Dutilleux demandant aux percussion­s d’«étouffer» leur note. Je me demande comment concilier aussi bien respiratio­n et sécheresse.

Ce qui m’a manqué, par contre, dans Moussorgsk­i ou Stravinski, c’est l’imaginaire au-delà du texte, la narration par les timbres et les couleurs, la hargne des attaques dans Une nuit sur le mont Chauve, les coups d’archet incisifs façon Svetlanov ou Denève dans le finale de L’Oiseau de feu. Avec Bringuier, tout m’est apparu très attendu, comme une «recette de cuisine musicale» bien suivie et, à vrai dire, je me suis un peu ennuyé.

Celui qui a surpris, par contre, c’est Jan Lisiecki, complèteme­nt déchaîné dans son 2e Concerto de Chopin, notamment un 1er mouvement hargneux et un finale très rapide encadrant un superbe larghetto, équilibré, lui, et rêveur. Grand coup de chapeau à Lionel Bringuier, accompagna­teur, car avec son introducti­on cravachée, il a très bien anticipé ces étranges tumultes du pianiste.

En prélude de ce concert, l’OSM a rendu un émouvant hommage à Jacqueline Desmarais en ajoutant la Prière à la Notre-Dame de la Suite gothique de l’Alsacien Léon Boëllmann, joué par Jean-Willy Kunz à l’orgue Pierre-Béique offert par la mécène.

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FIDELIO ARTS Le chef français Lionel Bringuier

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