Festival du film sur l’art.
Cette année, plusieurs films mettent à l’honneur la culture et les arts visuels québécois
Images plurielles du Québec.
Que voir au Festival international du film sur l’art (FIFA) dans le domaine des arts visuels?
Le film Lida Moser photographe: odyssée en noir et blanc est une des grandes trouvailles de cet événement. Joyce Borenstein — la fille du peintre Sam Borenstein — a réalisé un court métrage qui mélange astucieusement animation et photographies anciennes, afin de nous raconter une histoire passionnante. Plusieurs années avant que Gabor Szilasi se soit penché sur le Québec traditionnel, entre autres celui de Charlevoix, la photographe new-yorkaise Lida Moser (1920-2014) était venue au pays afin d’y réaliser un reportage pour le magazine Vogue. Mais c’est le Québec qui finalement captiva totalement Moser. Elle sillonna en 1950 ce coin du monde avec l’ethnographe Luc Lacourcière qui enregistrait alors de très anciennes chansons et récits folkloriques québécois. Des centaines de photographies résulteront du voyage de Moser, photos qui sont mises en scène par Borenstein dans un film aussi élégant et sensible que les images qu’il montre. Un portrait d’un Québec qui a disparu, un Québec très rural encore figé dans un passé lointain, un Québec bien plus pauvre que celui que nous connaissons, un Québec pullulant d’enfants…
Un territoire que Moser sillonna aussi avec Paul Gouin, fils et petit-fils de premier ministre, qui était alors conseiller à la culture pour Maurice Duplessis et qui collectionnait avec passion les sculptures en bois.
À cet égard, il faut dire comment on a beaucoup exposé et analysé la sculpture réalisée par des hommes au Québec, en particulier celle faite par Vaillancourt, Roussil, Archambault, Daudelin, Poulin, Granche, Goulet… Heureusement, quelques historiens de
l’art — comme Serge Fisette avec son livre La sculpture et le vent paru en 2004 — se sont penchés sur l’apport des femmes à ce domaine longtemps considéré comme masculin, semblant nécessiter une force physique virile… Dans cet esprit de relecture nécessaire de l’histoire de l’art, le scénariste et réalisateur Bruno Pucella nous plonge dans le monde de la sculpteure Lisette Lemieux, une oeuvre qui s’échelonne sur plus de quarante ans. Le film Chemin d’empreintes et d’emprunts — Lisette Lemieux nous permet de voir ou de revoir une exposition montée par le célèbre historien de l’art Laurier Lacroix à la Galerie d’art de l’Université de Sherbrooke en 2017.
Un autre artiste québécois est aussi à l’honneur au FIFA dans le film Jean-Paul Jérôme: la couleur, la lumière, la forme signé par André Desrochers. Jean-Paul Jérôme (1928-2004) fut cosignataire avec Fernand Toupin, Louis Belzile et Jauran du Manifeste des plasticiens de 1955, mouvement qui défendit l’abstraction géométrique au Québec. Dans ce film, vous entendrez Belzile décrire ce mouvement comme ayant mis de l’âme et du feu dans l’art de son époque. Cette énergie créative, le critique d’art Paul Gladu, dans Le petit journal, l’avait alors soulignée en titrant «Les plasticiens partent en guerre»… Avec entre autres des témoignages de l’historien de l’art François-Marc Gagnon et de la galeriste Lorraine Palardy.
Toujours du côté de l’art québécois, mais cette fois contemporain, il faudra aussi aller voir le film conçu par l’artiste Raphaëlle de Groot. Placé dans la riche section FIFA expérimental, ce documentaire poétique est intitulé Subsistances.