Raisonnable ?
Le sort des 18 caribous forestiers de la région de Val-d’Or, derniers représentants de leur espèce, a été tranché par le gouvernement Couillard, apprenait-on dans Le Devoir du 9 mars. Ils iront rejoindre les dinosaures, les mammouths, nos tourtes et les milliers d’autres espèces condamnées à l’extinction.
Ainsi en a décidé un rapport préliminaire du ministère de la Faune. Les efforts nécessaires pour tenter de restaurer leur habitat, «perturbé par des décennies de coupes forestières intensives et d’activités minières », comme on le rapportait dans ces pages, coûteraient trop cher: 76 millions de dollars sur 50 ans.
« Cette situation est triste, mais il faut être raisonnable», a déclaré le ministre Luc Blanchette. Pourtant, cette somme ne représente qu’une infime partie des augmentations faramineuses consenties par le gouvernement à nos médecins et spécialistes dont plusieurs, semble-t-il, n’en demandaient pas tant.
On peut se demander si les compagnies forestières et minières — et les gouvernements qui leur ont permis d’agir comme elles l’ont fait — se sont montrées raisonnables en détruisant l’habitat des caribous. Mais il semble qu’il y ait un temps pour être raisonnable et un autre pour l’être moins.
De toute façon, en plus d’être raisonnables, soyons réalistes: ces pauvres caribous forestiers, inconscients de leur sort, ne votent pas, ne peuvent acheter ni vendre personne ni même se payer des lobbyistes.
Yves Beauchemin, écrivain Longueuil, le 10 mars 2018