Animaux de compagnie
Hamster dresse un portrait de banlieue mis en scène de manière peu convaincante
HAMSTER
Texte : Marianne Dansereau. Mise en scène: Jean-Simon Traversy. Une production du Crachoir. À la Licorne jusqu’au 24 mars.
Polyphoniques et énigmatiques, drolatiques et désespérées, les pièces de Marianne Dansereau sont de cruels portraits de banlieue. Après Savoir compter, créée en novembre dans la salle Jean-Claude-Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui par Michel-Maxime Legault, on découvre ces jours-ci Hamster, à la Licorne, dans une mise en scène de Jean-Simon Traversy.
La pièce, qui a valu à son auteure le prix Gratien-Gélinas en 2015, entrelace les destins, le temps d’une nuit, celle de la fête du Travail, aux quatre coins de Boisbriand. De l’arrêt d’autobus à la stationservice en passant par le parc municipal, on fait la connaissance de sept personnages, pour la plupart adolescents, aux prises avec un mal de vivre patent, une angoisse aux proportions existentielles, une hypersensibilité qui s’exprime souvent par des injures, mais aussi, heureusement, par des tirades poignantes, des confessions portées par le souffle puissant d’une noble révolte, une soif de beauté et de sens dans laquelle il y a fort à parier que les spectateurs de tous âges se reconnaîtront.
Peu à peu, les morceaux du puzzle se mettent en place et les relations entre les protagonistes se précisent. Qu’est-ce qui peut bien relier La Fille Qui Attend Son Lift, Le Gars Qui Compte La Caisse et La Fille Qui A Une Jupe Trop Courte Selon Le Règlement? Puisque la pièce s’appuie sur un coup de théâtre, il serait difficile de répondre à cette question sans en dire trop. On se contentera de révéler que le récit concerne la vie et la mort, l’amour et la haine, qu’il présente des trahisons qui engendrent des gestes irréparables. Sur un ton caustique, Dansereau règle ses comptes avec une société dont tous les aspects, à commencer par les rapports affectifs et amoureux, semblent fondés sur le mensonge.
Dans cette matière fragmentaire et mystérieuse, qui appelle des choix francs, Jean-Simon Traversy peine à orienter le spectateur. Sous la houlette du metteur en scène, les situations paraissent alourdies, ou bien confuses, les personnages ont l’air esquissés, parfois même caricaturaux. Dans la mise en espace, aucun parti pris qui parviendrait à transcender ou alors simplement à clarifier le récit. Pas même cette toilette de la station-service transformée en vivarium, une riche idée qui n’apporte finalement rien à la représentation. Pas plus que l’accompagnement musical de Lydia Képinski, au demeurant fort agréable. Ne reste qu’à souhaiter à l’auteure de rencontrer un jour la personne qui saura dignement porter son théâtre à la scène.
Dans cette matière fragmentaire et mystérieuse, qui appelle des choix francs, Jean-Simon Traversy peine à orienter le spectateur